Dimanche 22 Décembre 2024

Retrait décide par les trois pays de l’AES Les mises en garde de la CEDEAO

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, se sont réunis en sommet extraordinaire, le 24 février à Abuja, sous la présidence de S.E. Bola Ahmed Tinubu, président de la République Fédérale du Nigeria et Président en exercice

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, se sont réunis en sommet extraordinaire, le 24 février à Abuja, sous la présidence de S.E. Bola Ahmed Tinubu, président de la République Fédérale du Nigeria et Président en exercice de la Conférence de la Cédéao. Des mesures de levée de sanctions ont été prises concernant la Guinée, le Mali et le Niger, mais en même temps, des mises en garde ont été adressées aux pays de l’AES concernant les conséquences multiformes de leur dévcision de se retirer de la Cédéao.

La situation politique, de paix et de sécurité dans la sous-région était l’objet de cette rencontre. Du communiqué final rendu public à la fin de la rencontre, il ressort que les débats ont été facilités par des mémorandums du Président en exercice de la Conférence, le Président du Nigeria, Ahmed Bola Tinubu. C’est ainsi que les chefs d’Etat et de gouvernement ont eu “des discussions approfondies” sur les “derniers développements dans la région” et deux dossiers ont le plus retenu l’            attention : ma situation au Niger et la notification faite de retrait de la Cédéao faite par le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Les sanctions imposées au Niger ont été levées, en tenant compte de plusieurs paramètres dont la période de carême et le Ramadan qui approche, en plus de l’appel lancé aux chefs des Etats-membres de la Cédéao par le Général Yakubu Gowon, ancien chef d’Etat du Nigeria et Père fondateur de la Cédéao, ainsi que des plaidoyers de plusieurs personnalités et organisations.

En ce qui concerne la décision prise par le Burkina Faso, le Mali et le Niger de se retirer de la Cédéao, la Conférence des chefs d’Etat a fait des mises en garde sur les conséquences qui en découleraient.

Aux plans politique et sécuritaire, le retrait de ces trois pays va fragiliser la région en termes de sécurité notamment en matière d’échanges de renseignements et de ” participation aux efforts d’initiative régionale telles que l’Initiative d’Accra et la Force Mixte de la Cédéao “, non sans rappeler que les trois pays ont bénéficié de 100 millions de dollars mobilisés par l’Uémoa dans le cadre du Plan d’action de la Cédéao dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. La Conférence met en garde contre le risque “d’isolement diplomatique et politique sur la scène internationale om les pays ont reçu un soutien de bloc pour leurs candidats et leur candidature pour des postes internationaux au sein de l’Union Africaine, des Nations-Unies et d’autres organismes similaires”.

Les trois pays ont été aussi mis en garde contre les implications socio-économiques, notamment parce que “le retrait affectera automatiquement le statut d’immigration des citoyens qui devront peut-être obtenir un visa pour voyager dans la région”, précise le communiqué de la Cédéao qui ajoute : “Les citoyens pourront ne plus être en mesure de résider ou de créer des entreprises dans le cadre des accords de la Cédéao et pourraient être soumis à diverses lois nationales”.

En plus, le passeport Cédéao, la carte d’identité biométrique Cédéao et l’assurance Cédéao ne pourront plus être utilisés dans la région par les ressortissants des trois pays.

Au plan économique, la Conférence de la Cédéao met en garde sur la réduction du marché de la Cédéao même si les trois pays ne constituent que 10% du PIB, comme précisé par le communiqué. L’une des conséquences directes du retrait des trois Etats de la Cédéao sera la perturbation directe du commerce intracommunautaire “en particulier le commerce de produits non transformés tels que le bétail, les poissons, les plantes, les produits agricoles, les produits minéraux et les produits artisanaux traditionnels ainsi que les produits industriels d’origine communautaire”.

A tout ceci, il faut ajouter les conséquences liées à la suspension éventuelle, voire l’arrêt de programmes communautaires dont bénéficient le Burkina Faso, le Mali et le Niger où la BID a actuellement 27 projets en cours (Burkina 9, Mali 8 et Niger 10) et un total de 20 projets du secteur privé : Burkina 5, Mali 13 et Niger 2. “Ces projets sont collectivement évalués à environ 321 634 253 USD dont les projets du secteur public représentent 38,1% et les projets du secteur privé 61,9%” rappelle la Cédéao.

S’y ajoute qu’au plan institutionnel, le retrait nécessitera la fermeture de 4 entités régionales au Burkina Faso, 2 au Mali et un Bureau régional au Niger. Cette fermeture a comme corollaire des pertes d’emplois.

Un paquet de mise en garde qui appelle, évidemment des réponses pertinentes de la part des autorités des trois pays (Burkina, Mali et Niger) pour rassurer les populations de l’existence d’alternatives crédibles.

Amadou Diarra

Source : Aujourd'hui-Mali 2 Mar 2024

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