Depuis trois ans, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et maintenant le Niger font l’objet de coups d’Etat militaires, applaudis par la majorité des populations africaines.
Alors que la CEDEAO, dont ces pays sont membres, condamne systématiquement les changements de régime anticonstitutionnels perpétrés par les militaires mais ferme les yeux sur les coups d’Etat constitutionnels des présidents civils.
Cette politique de deux poids, deux mesures de la CEDEAO est également partagée par la France. Qui, sans être un membre de l’organisation sous-régionale, lui ordonne des diktats pour mettre embargo économique et financier draconien, les pays récalcitrants. Cette ingérence constante de l’ancienne puissance coloniale dans la gestion des crises politiques en Afrique, notamment francophone, est de plus en plus mal perçue par la majorité des populations africaines. Mais pourquoi ce regain de sentiment anti politique française en Afrique ? Qu’est-ce que les africains, en quête de souveraineté, reprochent à la France ?
Les causes du rejet de la politique française en Afrique sont multiples. Entre autres, on peut citer : le manque de résultat dans la lutte contre le terrorisme, en dépit de l’impressionnant arsenal militaire que les forces Barkhane, Takuba et Sabre ont déployé pendant une décennie ; ; une coopération inégalitaire entre la France et les pays où sévit le terrorisme ; l’ingérence française dans gestion politique et économique des pays d’Afrique.
En effet, c’est en 2013 que la France va déclencher l’opération militaire Serval dans le but d’un appui aérien et terrestre des forces armées maliennes pour stopper l’avancée des forces terroristes vers le sud du pays. Plus tard, cette opération sera remplacée par celle de Barkhane dont la mission sera élargie au Niger, au Burkina Faso et au Tchad. Cette mission aura duré plus de 9 ans, sans avoir atteindre ses objectifs, c’est-à-dire : vaincre le terrorisme et ramener la sécurité dans les pays du Sahel. Alors, les régimes africains et les populations, de plus en plus déçus, vont dénoncer le déploiement des troupes étrangères, en l’occurrence francaises.
En 2022, le mouvement de rejet contre cette politique française prend une grande ampleur avec le renforcement de la présence militaire Russe en Afrique de l’Ouest et en République Centrafricaine. Ainsi, après la déclaration du Premier Ministre du Mali à l’Organisation des Nations Unies, le pays dénonce et renonce à tous les accords de coopération militaire avec la France. Outre les restrictions diplomatiques (renvoi de leur ambassadeur), les Autorités maliennes vont suspendre les médias français (la RFI et France 24), taxés de diffusion de désinformation, sur son territoire.
C’est dans ce contexte que naisse en 2023, le désamour entre le Burkina Faso et France. A son arrivé au pouvoir, après le deuxième coup d’Etat contre le Col Damiba, le Capitaine Ibrahima Traoré va quasiment imiter le Mali. Durant une grande manifestation pour soutenir le nouveau Chef d’Etat du Faso, les manifestant qui ont attaqué l’ambassade de France ainsi l’Institut Français, vont demander aux nouvelles autorités de rompre les relations diplomatiques et militaires avec l’ancienne puissance coloniale. Suite à ces détériorations de coopération, le président burkinabè entra en contact avec son homologue du Mali, pour se rapprocher de la Russie. Dans la foulée, le Pays des Hommes Intègres suspend tous les programmes de RFI en demandant à la France de rappeler son ambassadeur.
Au départ de l’opération Barkhane du Mali qui s’est redéployée au Niger, des populations nigériennes ont violemment manifesté contre la présence militaire de la France dans leur pays. Néanmoins, en accord avec les autorités de Niamey, elle va s’installer. Mais après le renversement du régime de Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, la coopération militaire de la France avec le Niger, se dégrade. Car, le nouveau Chef d’Etat du Niger, Général Abdourhamane Tiani va, à son tour, dénoncer tous les accords de coopération militaire et de sécurité que son pays avait précédemment conclus avec la France. Quand bien même que l’état-major français assure que la France ne partira pas du Niger. Egalement, il met fin aux fonctions de ses représentants diplomatiques dans l’Hexagone.
Quid des causes économiques ? Les richesses naturelles de l’Afrique subsaharienne sont sauvagement exploitées depuis des décennies par la France sans qu’elles profitent aux populations locales. Lesquelles font à la famine, la mal nutrition et aux problèmes de sous-développement dont la pénurie d’électricité. Alors que la majorité des gouvernements d’Afrique francophones font recours des aides extérieures, notamment francaises, pour financer leurs budgets. Un fait plus révoltant est que le Nigéria fourni 70 % de l’électricité au Niger alors que le pays est le 1er producteur d’uranium en Afrique. Pourquoi la France qui a l’exclusivité de l’uranium nigérien n’a pas construit une centrale nucléaire dans ce pays afin qu’il produise de l’électricité à bon prix ?
Boubacar Bani Traoré
Autres facteurs de rejet de la politique française en Afrique ? Le soutien de ses autorités à aux présidents mal élus ou qui tripatouillent leurs constitutions pour se maintenir au pouvoir. Toutes choses qui ont terni l’image de la France en Afrique. Désormais, l’ancienne puissance coloniale est en train de perdre sa place au profit de la Russie. Cette dernière n’hésite plus de relancer sa coopération multidisciplinaire mais surtout militaire avec les pays d’Afrique de l’Ouest, notamment avec le Mali, le Burkina Faso.
Boubacar Bani Traoré (Stagiaire),
Spécialiste en Histoire des Relations Internationales et Stratégiques
Source : Le Pélican 10 Août 2023
Binthily Signs propose trois grands modèles d’enseignes. Chacune offre une excellente performance en fonction de votre commerce et des prix défiant toute concurrence :
Mon analyse personnelle sur le projet de constitution :
A prime abord, on remarquera que la constitution n’est pas nouvelle car elle ne met pas sur pied une nouvelle république mais elle se contente de modifier la constitution actuelle en y ajoutant d’autres institutions.
© Dépêches du Mali 2012 - 2024