Jeudi 02 Mai 2024

Géopolitique mondiale : La fin de l’hégémonie occidentale

L’Eurocentrisme peut se définir comme la démarche consistant à attribuer une place centrale aux cultures et valeurs européennes aux dépens des autres cultures et à analyser tous les problèmes d’un point de vue européen, en négligeant le reste du monde.

La crise ukrainienne présentée au départ comme un conflit entre deux pays voisins commence à livrer ses secrets. L’Ukraine n’est que le terrain sur lequel s’affrontent Américains et Russes. Les premiers pour confirmer la suprématie du monde occidental, les seconds pour briser ce monopole de fait. Un troisième larron pourrait-il leur rafler la mise ?

L’occident, père de la politique coloniale

La politique coloniale qui a dessiné le visage du monde actuel visait trois objectifs majeurs. Le premier est le devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures constituées de tous les peuples autres que ceux de l’Europe occidentale. C’est pourquoi, dès que l’Occident abusivement appelé « communauté internationale » est impliqué dans un problème, celui-ci est présenté comme un fait mondial. Le second objectif qui découle du premier est l’instauration d’une double personnalité juridique, celle des Etats et des personnes de race supérieure et celle du droit commun. C’est en vertu de cela que la Cour Pénale Internationale (CPI) se croit autorisée à poursuivre Vladimir Poutine alors que jamais un président des USA, de France ou le Premier Ministre Britannique n’y ont été appelés malgré les crimes commis par leurs pays contre les populations d’Irak, d’Afghanistan, de Libye, de Syrie ou du Sahel. Le troisième objectif enfin est la justification des empires coloniaux et leur politique d’expansion, face au principe de souveraineté des Etats énoncé dans la Charte des Nations Unies.

La création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) après la seconde guerre mondiale a fourni un cadre d’expression de la légalité internationale pour promouvoir la paix et la coexistence pacifique entre les nations et les peuples. Cependant, le droit international qui en a résulté est le produit de l’évolution de la culture européenne entre le 17ème et le 19ème siècle. A ce titre, les instruments de ce droit sont restés largement tributaires de la politique expansionniste et coloniale des Etats européens. En effet, pendant la période coloniale, les rapports avec les colonies étaient réglés sur la base du droit constitutionnel interne. L’Europe occidentale va chercher par tous les moyens à perpétuer ce lien de dépendance, mais comme l’application stricto sensu de la Charte des Nations Unies contrarie ce projet, elle va édicter un ensemble de règles non juridiques pour contourner le droit international sans pour autant le remettre directement en cause.

La chute du mur de Berlin permettra aux Américains d’apparaître comme les seuls leaders du monde avec dans leur sillage les pays de l’Union Européenne sous le parapluie militaire de l’OTAN. De son côté, la Russie qui a longtemps rongé son frein sans faire le deuil de l’ancienne URSS est parvenue à s’entendre avec le Chine que les USA veulent aussi déstabiliser depuis Taïwan. Autour de la Russie et de la Chine, de nombreux pays émergents fatigués d’être les victimes expiatoires du mondialisme et de l’oppression aimeraient voir l’Occident trembler à son tour, surtout que les BRICS se présentent comme une véritable alternative aux institutions de Breton Wood. Voilà pourquoi le monde occidental est actuellement agité et gagné par un stress profond.

Le droit international à l’épreuve des stratégies de domination

La raison du plus fort, c’est-à-dire celle de l’Occident a depuis longtemps remplacé le droit international qui n’est évoqué que pour atténuer la violence extrême imposée aux faibles et donner un semblant d’humanisme aux relations internationales. Cette violence se manifeste sous plusieurs formes, allant de la prétendue protection des droits de l’homme à l’imposition du « modèle occidental » de démocratie sans égard pour les valeurs sociétales. L’observation et la certification des élections selon une grille de lecture à géométrie variable se font à la carte en fonction des pays et des intérêts. Les Résolutions et Mandats de l’ONU ne sont utilisés que pour contrôler et réduire le reste du monde sous des prétextes tel que le droit d’ingérence humanitaire ou la lutte contre le terrorisme pour justifier la présence militaire sur un sol étranger. L’expérience a prouvé que des groupes terroristes sont orientés vers certaines destinations, si on ne les parraine pas tout simplement. La demande du Mali à l’ONU d’un débat contradictoire avec la France sur son soutien au terrorisme dans le Sahel a été bloquée par les membres du bloc occidental dont les armes ultimes sont le mensonge d’Etat, l’instrumentalisation, la corruption des élites politiques et des sociétés civiles, une communication agressive fondée sur la propagande et le racisme.

Le monde fonctionne donc sous l’empire du droit international classique qui reste la norme apparente mais à côté, les pays occidentaux ont édicté des règles à leur convenance. Ni la Russie, ni la Chine qui disposent du droit de veto ne se soumettent à ces règles, même si elles les tolèrent par moments en tenant compte de leurs intérêts et des zones d’influence instituées par la Conférence de Berlin. La crise ukrainienne a mis à nu certaines réalités géopolitiques, notamment la vassalisation accentuée des Etats de la vieille Europe vis-à-vis des USA, ainsi que leur phobie de l’Ours Russe et du grand Dragon d’Asie. La crise syrienne a prouvé que pour échapper aux appétits gloutons de l’Occident, le choix de la Russie est la seule alternative pour les faibles.

 

Les Américains ne supportent aucune concurrence, ni aucune rivalité dans le contrôle du monde. Ils pensent que les pays de l’Union Européenne doivent être affaiblis suffisamment pour rester dépendants pendant que la Russie avec la crise ukrainienne et la Chine avec celle en vue de Taïwan, doivent être entraînées durablement dans des conflits qui les affaiblissent à leur tour. Toutefois, l’alliance de la Russie et de la Chine va provoquer un bouleversement dans les rapports de force parce qu’Américains et Européens sont en réalité dans un partenariat plus proche de l’alliance du cavalier et du cheval ; tout le monde sait à quel point le cow-boy américain maîtrise le cheval. En face d’eux, se dressent dans un duel à mort la Russie, puissance militaire incontestée et la Chine, nouvelle locomotive de l’économique mondiale. En louvoyant avec les accords de Minsk et en plaçant la Russie sous sanctions, le monde occidental a commis une grave erreur qui a tourné à l’auto-flagellation. Le refus du reste du monde d’entrer en guerre contre la Russie en Ukraine, va réduire les pays de l’OTAN à leur véritable dimension sur l’échiquier mondial. Le Roi est désormais nu !

Chaque chaîne ne pouvant avoir que la solidité de son maillon le plus faible, l’Union Européenne est en train de payer cash les errements de l’OTAN et donc des USA dont les BRICS menacent sérieusement la suprématie sur le monde. En outre, les institutions de Breton Wood et la Cour Pénale Internationale sont désormais perçues par les pays émergents comme des instruments de domination au service de l’Occident. C’est pourquoi, ceux-ci sont tentés de s’en défaire pour échapper au chantage permanent et à la violence. Ainsi, trente ans après la chute du mur de Berlin vécue comme une victoire de l’Occident, le monde est au bord d’un autre basculement perçu cette fois comme la revanche de la Russie sur l’Occident. La roue de l’histoire tourne inexorablement et le centre du monde se rapproche de la Chine, pendant que son cœur bat plus que jamais en Afrique.

Mahamadou Camara

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Source: L'Alerte

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