L’interview du président algérien, Abdelmajid TEBBOUNE le 30 décembre 2022 publiée dans le journal français “Le Figaro” interroge sur les orientations récentes de la politique algérienne au Mali.
En effet, dans ses propos recueillis par le journaliste du “Figaro” Yves Téard, le président algérien après avoir déclaré, entre autres, que la « La France doit se libérer de son complexe de colonisateur et l’Algérie, de son complexe de colonisé », a évoqué également la situation dans le Sahel.
Les questions du journaliste et, surtout les réponses du président, sont constitutives d’une implication malveillante de ce dernier dans la politique malienne. L’Algérie ne peut pas demander à la France de se “libérer de son complexe de colonisateur” et s’accommoder d’un reflexe de suzeraineté dans le Sahel, notamment au Mali. Ces questions-réponses édifient:
“Estimez-vous la situation préoccupante dans la bande sahélienne, en proie au djihadisme et à l’instabilité politique ?
Tout le monde le reconnaît, la dislocation de la Libye a facilité le transfert d’armes lourdes dans la bande sahélienne. Le règlement de la situation sur place passe évidemment par l’Algérie. Si on nous avait aidés dans l’application de l’accord d’Alger, en 2015, pour la pacification de cette zone, on n’en serait pas là. Dans cette crise, l’Algérie a un raisonnement de voisin, elle ne fait pas de géopolitique, comme d’autres. Nous vivons en bonne entente avec nos frères maliens depuis plus d’un siècle. Pour ramener la paix, il faut intégrer les gens du nord du Mali dans les institutions de ce pays. Il est regrettable que la France, à un certain moment, n’ait pas voulu que l’Algérie exerce son ascendant. Le terrorisme n’est pas ce qui me préoccupe le plus, nous pouvons le vaincre. Je suis beaucoup plus inquiet par le fait que le Sahel s’enfonce dans la misère. Là-bas, la solution est à 80 % économique et à 20 % sécuritaire.
Que pensez-vous de la présence des hommes de la milice russe Wagner dans cette région ?
L’argent que coûte cette présence serait mieux placé et plus utile s’il allait dans le développement du Sahel.”
Cette sortie médiatique s’explique certainement par les dessous des cartes de deux visites en août 2022 du président français, Emmanuel Macron, en Algérie et celle de la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, au Maroc.
Dans sa réponse à la première question du journaliste Abdelmajid Tabboune a omis une précision importante. En effet, si la dislocation de la Libye a provoqué ce que nous savons dans le Sahel, l’insécurité dans le Nord Mali a commencé depuis que les régimes algériens successifs ont repoussé dans le Sahara malien des groupuscules djihadistes dont les chefs spirituels étaient Abassi Madani et Ali Belhaj. La guerre civile algérienne entre l’armée et ces organisations islamiques d’Algérie (FIS, GAI, AIS), appelée la décennie d’hécatombes ou décennie noire de 1991 à 2002 a abouti au refoulement de certains de ces groupes sur le territoire malien.
Le problème du Nord Mali, depuis ses origines, est instrumentalisé par diverses forces. Le grand mercenaire sanguinaire actuel, officiant à la tête des supposés groupes djihadistes serait protégé par Alger: Iyad ag Ghali. Il s’y refugie, s’y soigne en pleine connaissance des autorités algériennes.
Les accointances des autorités algériennes avec l’actuel Directeur de la sécurité extérieure en France et ancien ambassadeur de France en Algérie de 2014 à 2017, Bernard Emié, et avec Jean Yves Ledrian posent problème, y compris sur les dessous des fumeux accords d’Alger sur la crise malienne. Les dés sont pipés. Alger et Paris se livrent à un jeu fielleux à Kidal contre le Mali.
Et Abdelmajid Tebboune ose dire que dans le Sahel, il est plus préoccupé par la misère que par le terrorisme qu’on pourrait vaincre.
Dit-il cela parce que l’Algérie parraine ce terrorisme ou parce qu’elle peut y mettre un terme militairement?
Quel que soit le prisme par lequel on analyse la situation, Alger a les mains sales.
Et à cause des détournements massifs par les autorités algériennes de la manne gazière et du pétrole (95à 97% des recettes de l’État algérien), une grande partie des algériens vivent dans des conditions précaires et le pays est classé au cent quatorzième (114) rang du classement de l’OCDE sur l’indice du développement humain (IDH) avec 0,759, derrière l’Ile Maurice et les Seychelles.
Alors le président de ce pays est malvenu à vouloir donner des leçons aux autorités actuelles du Mali.
La nouvelle alliance entre les autorités françaises et algériennes prouvent que ces dernières demeurent dans un tropisme de versatilité.
En réponse à la deuxième question, le président algérien estime que l’argent donné aux troupes russes aidant le Mali contre les vrais mercenaires serait plus utile dans la lutte contre la misère. Là, l’expression “c’est l’hôpital qui se moque de la charité” est magnifiée. Si la nomenklatura politique algérienne n’avait pas capté les bénéfices tirés de la vente du pétrole et surtout du gaz algérien, l’Algérien moyen aurait pu vivre, non pas nécessairement dans une grande opulence mais dans un relatif confort matériel. Il vaut mieux que le président algérien balaie d’abord chez lui avant de proférer des sentences contre les autres.
Lors d’une interview accordée au média en ligne “Le Média” (www.lemediatv.fr) intitulée “PÉTROLE, GAZ, LIBERTÉS : TEBBOUNE TERRORISE L’ALGÉRIE”, le journaliste algérien Abdou SEMMAR , patron d’Algérie-part, délivre des informations qui font froid dans le dos sur les pratiques des services spéciaux sous Abdelmajid Tebboune.
L’Algérie est devenue le patrimoine de ses dirigeants. La vidéo d’Abdoul SEMMAR l’atteste.
Encore plus préoccupant, des liens scabreux semblent présidés aux liens entre les Africains du Nord et certains pays d’Europe au détriment de l’Afrique sub-saharienne. Le massacre de ressortissants, migrants, de l’Afrique sub-saharienne au Maroc en juin 2022 l’illustre. Ce qu’en dit la CIMADE est sans appel: ” Le 24 juin 2022, alors que des ressortissant·e·s d’Afrique centrale, de l’Ouest et de l’Est ont tenté de franchir les barrières de l’enclave espagnole de Melilla, la brutalité des garde-frontières espagnols et marocains a provoqué la mort d’au moins 27 personnes et plus de 300 blessés.
Ce massacre, incarne de façon paroxystique la guerre aux migrant·e·s racisé·e·s noir·e·s menée depuis les années 1990 aux frontières maroco-espagnoles, et témoigne une nouvelle fois du permis de tuer donné à la Guardia civil espagnole et aux forces auxiliaires marocaines, pour « défendre » les frontières espagnole et européenne.
Cet énième épisode met également en évidence un processus continu de brutalisation des frontières. Des attaques de plus en plus directes et spectaculaires perpétrées sur le territoire de l’UE ou à ses portes deviennent de plus en plus fréquentes (Turquie/Grèce mars 2020, Maroc/Espagne mai 2021, Biélorussie/Pologne août 2021, mais aussi Balkans, Libye…), entraînant un risque de banalisation et de légitimation de ces pratiques.”
Deux mois plus tard, la truculente ministre allemande des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne, M. Annalena Baerbock, a effectué une visite de travail à Rabat. Des thèmes spécieux et lugubres ont été abordés avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, M. Nasser Bourita. dont voici des morceaux choisis: ” Dans ce sens, ils ont déclaré leur volonté d’établir un dialogue stratégique sur les questions bilatérales et internationales d’intérêt commun, notamment le changement climatique, le développement du continent africain, la paix et la stabilité régionales, le renforcement de l’ordre multilatéral, la démocratie, l’État de droit et la bonne gouvernance, la gestion des migrations et des retours, la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, la promotion des droits de l’Homme ainsi que la création d’un espace euro-méditerranéen d’échanges et de prospérité communs. Sur la base de ces objectifs, ajoute la Déclaration conjointe, les ministres sont convenus d’établir un Dialogue stratégique multidimensionnel qui se tiendra une fois tous les deux ans, alternativement entre le Royaume du Maroc et la République fédérale d’Allemagne, relevant que ce Dialogue, qui sera préparé au niveau des hauts fonctionnaires, sera présidé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays et pourra être ouvert à d’autres ministres, le cas échéant. Ce Dialogue stratégique, poursuit-on, sera fondé sur des valeurs communes et le respect mutuel dans le but d’établir les principes et les fondements des relations entre le Maroc et l’Allemagne, définir les bases sur lesquelles elles seront développées et préserver les intérêts prioritaires des deux parties, de même qu’il servira de base pour aller de l’avant dans le cadre des relations bilatérales et renforcera la cohérence entre les différents domaines de la coopération bilatérale. Il servira également de plateforme de discussion et de consultation sur les questions stratégiques d’intérêt mutuel, y compris les questions de sécurité et de développement régionales et internationales, explique le document.”
Est-ce un hasard du calendrier que la visite d’Emmanuel MACRON en Algérie ait lieu fin août 2022 comme celle de Mme Annalena Baerbock au Maroc?
S’agit-il d’une volonté concertée de créer une division supplémentaire entre l’Afrique du Nord et l’Afrique sub-saharienne?
Katja Leikert (CDU), membre du Bundestag à Hanau, qui accompagnait Mme Annalena Baerbock au Maroc osa cette sortie sans ambiguïté: “Le Maroc est un pays clé pour l’Allemagne et l’Europe”. Elle poursuit: “À l’avenir, le Maroc jouera un rôle important à la fois dans les questions de migration en provenance du continent africain et dans la génération d’énergie renouvelable”.
Les déclarations l’emporte-pièce de Abdelmajib Tebboune sur la misère dans le Sahel qui aurait dû bénéficier de l’argent donné au supposé groupe Wagner par les autorités maliennes, les propos de la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock et la députée CDU Katja Leikert sur les migrants démontrent une prise de distance, voire une hostilité, des autorités de l’Algérie et du Maroc pour l’Afrique sub-saharienne d’une part, une volonté de certains pays européens, Allemagne, France, de créer un nouvel antagonisme entre pays d’Afrique. La tâche de ces deux pays européens est facilitée par deux faits: la fin de la volonté panafricaniste d’hommes politiques d’Afrique du nord comme Mohamed V au Maroc, Bourguiba en Tunisie, Ben Bella en Algérie, Nasser en Egypte; le repli identitaire sur une arabité exclusive et, de facto, créant un fossé entre l’Afrique sub-saharienne et l’Afrique du nord. Nous constatons, aujourd’hui, que beaucoup de ressortissants d’Afrique du nord se conçoivent davantage comme Maghrébins qu’Africains. Les hommes politiques arrivés aux pouvoirs après le départ des pères des indépendances ont accéléré ce mouvement de balkanisation et de repli identitaires.
Ainsi, l’Union Européenne tente d’utiliser ces pays d’Afrique du nord comme remparts criminels contre les migrants avec le Maroc et pour déstabiliser les dirigeants sahéliens rebelles à leurs diktats comme le Mali et le Burkina Faso.
Il fut un temps où Abdelaziz Bouteflika était appelé le Malien. C’était le temps béni où Modibo Keïta et d’autres progressistes apportaient leurs soutiens et aides aux membres du FLN. Ce temps est superbement oublié aujourd’hui et n’apparait certainement pas dans les manuels parlant de la lutte d’indépendance de l’Algérie. Oubliées les conséquences des essais nucléaires des années 1960 sur tout le Sahel et l’ouest du Sahara. Oubliée la négation de l’existence d’une nation algérienne. Oublié le déferlement de la légion étrangère sur l’Algérie pour sa colonisation en 1830.
Un pacte diabolique préside à tout ce qui précède.
Les peuples d’Algérie et du Mali aspirent à vivre en bonne intelligence et en paix, les fluctuations, les inconstances de certains dirigeants algériens mettent à mal cette volonté des peuples.
Yamadou Traoré
Source : L'Aube 23 Jan 2023
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Mon analyse personnelle sur le projet de constitution :
A prime abord, on remarquera que la constitution n’est pas nouvelle car elle ne met pas sur pied une nouvelle république mais elle se contente de modifier la constitution actuelle en y ajoutant d’autres institutions.
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