Remise de carte nationale d’identité biométrique : L’opération se déroule bien à Bamako

Publié le 25 avril
Source : l'Essor

Lancé le 11 avril dernier par le gouvernement, le processus suit son cours normal. Le hic est que certains citoyens se déplacent sans vérifier si leur carte est disponible.

D’autres doivent encore attendre avant de mettre la main sur leur précieux document

Plus de 2.000 cartes biométriques sont disponibles au niveau de la Commune VI, selon les responsables de ce site

Mercredi dernier, il est 10 heures. Boubacar Doumbia se présente devant les agents chargés de la remise de la carte nationale d’identité biométrique sécurisée dans la cour de la mairie de la Commune VI du District de Bamako. Après vérification de son nom sur la liste, le personnel du centre confirme la disponibilité de la nouvelle pièce d’identité de Boubacar, avant de lui faire poser le pouce sur une tablette pour prendre son empreinte digitale.

Ensuite, Boubacar Doumbia signe sur la machine et reçoit sa carte nationale biométrique. «J’ai un sentiment de fierté parce que notre pays, qui était en retard par rapport à ces cartes biométriques, a pu rejoindre les autres», se réjouit-il, sourire aux lèvres. Cependant, notre interlocuteur déplore le fait que ces pièces ne sont pas plastifiées comme c’est le cas dans d’autres pays.

Boubacar Doumbia regrette aussi que certaines de ses corrections faites lors de l’opération de mise à  jour des données Nina (Numéro d’identification national) n’ont pas été prises en compte. «J’avais signalé que je suis maintenant fonctionnaire. Mais, ils ont maintenu ce qui était sur ma carte Nina», déplore notre interlocuteur.

Comme Boubacar, nombre de nos compatriotes sont sortis massivement, mercredi dernier, pour retirer leurs cartes au niveau de la mairie de la Commune VI. Ici, l’opération se passe bien. Les gens attendent leur tour sous un hangar. La priorité aux personnes âgées y est bien observée. Selon les responsables du site, au total, plus de 2.000 cartes biométriques sont disponibles au niveau de la municipalité.

Adama Kané est contrôleur à Solution biométrique pour l’Afrique (SBA), structure chargée de la confection des cartes. Il s’occupe des sites de distribution de la mairie de la Commune VI et du Commissariat de Sogoniko. Tout en rappelant que l’opération a commencé le lundi 17 avril, l’agent déplore le fait que certains usagers viennent sans vérifier si leur carte est disponible. Cependant, pour remédier à cette situation, il compte afficher à l’entrée de la mairie et du commissariat, les listes des personnes dont les cartes sont disponibles.

 Cela, afin que les gens puissent vérifier la disponibilité de leurs pièces avant de venir pour le retrait. Lors de notre passage à la mairie de la Commune VI et au Commissariat de Sogoniko, beaucoup de nos citoyens ont été «renvoyés» faute de non disponibilité de leurs pièces. Certains ont été plutôt orientés vers d’autres lieux de retrait. Aussi des usagers murmuraient que l’opération est lente.

D’autres, après avoir reçu le message confirmant la disponibilité de leur carte, constatent avec amertume l’absence de leurs documents sur les sites indiqués. Selon les responsables de l’opération, cette situation s’explique par le fait que la carte de ces personnes n’est pas encore arrivée au niveau des agents de distribution. Ils leur demandent simplement dans cette situation de repasser de temps à autre pour vérifier.

DONNÉES NON MISES À JOUR- Par ailleurs, les agents chargés de la remise des cartes au niveau de la mairie de la Commune VI et du Commissariat de Sogoniko signalent que la lenteur dans le traitement des opérations est due au fait qu’ils ont le souci de bien faire le travail. Ils expliquent que le tri des cartes qui sont classées par ordre alphabétique sur les listes, doit se faire avec des précautions pour éviter qu’elles ne se mélangent.

Le contrôleur Adama Kané demande à ceux qui n’ont pas encore fait le Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec) d’effectuer leur enrôlement pour pouvoir avoir leur carte biométrique. Selon lui, ce document est valable dans tous les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Notre interlocuteur rappelle également que le document fait office désormais de carte d’électeur pour les prochaines échéances électorales. En outre, il remplace la carte d’identité classique et la carte consulaire.

Le contrôleur Adama Kané précise que la présentation de la carte Nina pour le retrait n’est pas obligatoire. D’après lui, c’est le numéro  Nina qui compte seulement pour la vérification. Il convient de souligner que le site de la mairie de la Commune VI a délivré 150 cartes biométriques, mercredi dernier. Au niveau du Commissariat de Sogoniko, les agents disposent de plus de 1.300 cartes.

Lassana Coulibaly fait partie des heureux bénéficiaires du précieux sésame. Toutefois, notre interlocuteur regrette que la mise à jour de certaines de ses données Nina n’ont pas été prises en compte pour sa nouvelle carte. En effet, à part la photo de Lassana, rien n’a changé dans sa nouvelle pièce d’identité. La mise à jour concernant sa profession n’a pas été prise en compte. Pis, l’erreur sur son prénom a été reconduite sur sa nouvelle carte.

IMPATIENCE DES CITOYENS- Notre équipe de reportage s’est également rendue à la mairie de la Commune V du District pour constater l’effectivité de l’opération. Sur ce site, l’ambiance était bon enfant. Des agents de police y maintenaient l’ordre. Mohamed Abdallah Traoré est le contrôleur de SBA au niveau de cette municipalité. Il trouve que les citoyens sont impatients d’avoir leur carte. Toute chose qui constitue une difficulté pour son équipe. «Tout le monde veut avoir la carte en même temps. Ce qui est un problème. C’est pour cette raison qu’on a fait recours à nos forces de l’ordre pour qu’elles nous appuient», justifie le contrôleur Traoré.

Autre difficulté : les gens viennent également dans ce centre sans vérifier la disponibilité de leur pièce. D’après Mohamed Abdallah Traoré, cette situation entrave le bon déroulement de leur travail. Le site de la mairie de la Commune V, qui dispose de 3.205 cartes biométriques, délivre une centaine de pièces par jour.

Même constat au niveau de la mairie de la Commune IV où l’opération se déroule également bien. Ici aussi, nombre de nos compatriotes se pointent devant les agents chargés de la remise des cartes biométriques sans s’assurer de la disponibilité de leurs documents. Mme Mounkoro Dasso Dakoua, un agent de distribution des cartes sur ce site, exhorte les autorités à sensibiliser les populations dans ce sens.

À notre passage au niveau de ce service aux environs de midi, l’affluence était timide. Contrairement à la mairie de la Commune IV, il y avait du monde au niveau de la Brigade fluviale de Bamako, où l’opération se déroulait sans anicroche. Les responsables de ce site confirment qu’à part les photos, les corrections apportées par les populations lors de la mise à jour des données Nina n’ont pas été prises en compte pour les cartes disponibles.

Avant de se rendre dans un centre de retrait, les populations ont la possibilité de connaitre le lieu où elles peuvent entrer en possession de leurs cartes. Il suffit d’appeler les numéros verts 80 00 80 80 ou 80 00 82 82. À défaut, consulter par SMS au 36 223 ou se rendre sur le site web www.jevalidemonnina.ml. Selon le gouvernement, le choix opté consiste à produire et à remettre simultanément les cartes nationales biométriques en raison du chronogramme des élections.

GARANTIES D’INVIOLABILITÉ

La Carte nationale d’identité biométrique sécurisée (CNIBS) constitue un document adéquat au regard des garanties d’inviolabilité qu’elle présente. Ce précieux sésame est l’unique document d’identification. Il est sécurisé, personnel et incessible. Pour cette première phase, tous les Maliens âgés d’au moins 18 ans recevront leurs cartes nationales d’identité biométriques gracieusement offertes par l’état.

La première dotation de cette pièce est donc gratuite pour chaque citoyen. Toutefois, le renouvellement est payant. L’actuelle carte nationale d’identité reste valide, au maximum une année, après la première délivrance. Cependant, ce délai peut être prorogé par un arrêté du ministre chargé de la Sécurité. Il convient de souligner que le défaut de mise à jour des données Nina n’empêche pas d’avoir sa carte biométrique. Son retrait «individuel» se fait, soit par reconnaissance faciale ou par l’empreinte digitale. La carte nationale d’identité biométrique a une durée de validité de 5 ans. 

Bembablin DOUMBIA

Source : l’Essor