Hôpitaux et Centres de santé insalubres : Qu’arrive-t-il aux Maliens ?

Publié le 28 novembre
Source : Le Challenger

Ces jours-ci, nous voyons à travers le pays des images choquantes d’hôpitaux et centres de santé dans un piètre état et des personnels soignants avec des états d’âme complexes : confusion, angoisse, peur et souffrance.

Qu’arrive-t-il aux Maliens ? Nous semblons exceller ces temps-ci dans le laxisme et le gaspillage au lieu de déployer nos efforts et nos compétences de façon optimale afin d’aider à améliorer la situation socio-économique à laquelle nous sommes confrontés. Pourtant, nous devons savoir que la santé de l’économie est tributaire de la santé des citoyens. Or aujourd’hui, beaucoup de Maliens renoncent à se soigner faute de moyens. Le gaspillage, la corruption, le prix élevés des médicaments et soins par rapport aux revenus, le coût de l’hospitalisation, la pénurie de médecins compétents et le laisser-aller dans le secteur ont contribué à creuser le fossé entre une population pauvre et malade et une population aisée en bonne santé recevant des soins à l’extérieur du pays ; mais aussi et surtout, ils menacent la pérennité de notre système de soins. La santé est un bien précieux qui ne doit pas être réservé seulement à ceux qui en ont les moyens, ou qui vivent dans les grands centres urbains. Nous devons privilégier l’amélioration de la qualité de vie en exigeant une réduction des inégalités persistantes dans notre société y compris chez les enfants et les Maliens à faible revenu ou en désarroi. Nos programmes de réforme doivent examiner plus attentivement la santé des groupes défavorisés, plus particulièrement les habitants des zones rurales. Mieux, nous devons comprendre les besoins en matière de santé des familles à faible revenu et nous devons également affronter les nouveaux problèmes avec des solutions idoines.

L’amélioration de l’efficacité du système de soins commence par la réorganisation des structures et politiques hospitalières et l’organisation du travail au sein des hôpitaux. Le renforcement de la tutelle du ministère de la santé sur les structures de santé est nécessaire afin d’assurer une cohérence de la politique de santé sur l’ensemble du territoire national. La lutte contre le gaspillage, la corruption, et la fraude est un élément capital dans le combat pour donner une meilleure santé à notre nation.

Une meilleure organisation du système de soins, et notamment une meilleure gestion du temps des médecins et le plafonnement des honoraires de ceux travaillant dans les deux secteurs afin qu’ils n’abandonnent pas les patients des hôpitaux publics pour leurs prestations dans les cliniques privées. Enfin, il est urgent d’impulser une nouvelle politique flexible sur la distribution des médicaments et de l’ordre des pharmaciens.

Mais encore, des efforts doivent être menés afin d’accroître l’accès des populations à des soins de santé fiables en instituant une réforme de la santé pour établir un droit à la santé par amendement à la constitution.

Il faut démocratiser la santé. Ainsi, la démocratisation des soins de santé se définira comme l’application des normes et procédés démocratiques aux personnes démunies des droits et obligations que confère la qualité de citoyen. Les dépenses de santé au Mali représentent aujourd’hui peu de notre produit intérieur brut (PIB). Notre objectif doit être d’accroître d’une manière considérée cette part des dépenses nationales, et il faut notamment rationaliser les dépenses et lutter sans merci contre le gaspillage, la corruption, et les abus. Il s’agira aussi d’augmenter les financements publics en pourcentage du PIB de manière à fournir les soins de santé primaires. L’exercice effectif des droits sociaux (notamment le droit à l’éducation et aux soins de santé) est un élément clé des droits du citoyen et devrait être considéré comme un objectif intrinsèque de toutes politiques de gouvernance. L’accès des citoyens aux soins de santé est un facteur de recul de la pauvreté qui permet d’améliorer les résultats scolaires, d’accroître la productivité et de doper la croissance économique. La prospérité et la juste répartition de ses fruits contribuent à la stabilité de la nation.

Et encore, au lieu d’exceller dans le laxisme, l’état actuel de la nation doit plutôt nous forcer à agir, à réagir intelligemment et à être surtout visionnaires.

Cheick Boucadry Traoré

Source: Le Challenger