Mali : Cedeao : Retrait sans délai du Mali, du Burkina et du Niger

Publié le 29 janvier
Source : l'Essor

Les autorités des trois pays reprochent à l’organisation communautaire d’être devenue une menace pour ses membres, de n’avoir pas porté assistance aux États dans la lutte contre le terrorisme et d’avoir pris des sanctions contre les peuples ayant décidé de prendre leur destin en main. Cette décision historique est une première depuis la création de la Cedeao, il y a 49 ans.

Le Mali, le Burkina et le Niger ont, dans un communiqué rendu public hier dans la journée, décidé de se retirer sans délai de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Le peuple malien a été informé de cette décision historique par le Porte-parole du gouvernement, ministre d’État, ministre de l’Administration et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga qui a lu le communiqué conjoint dans le journal de 13 heures de la télévision nationale.

«Désireux de réaliser l’intégration entre les Etats de la sous-région et mus par les idéaux de fraternité, de solidarité, d’entraide, de paix et de développement, Leurs Excellences le général Aboubacar Sangoulé Lamizana, le général Moussa Traoré et le lieutenant-colonel Seyni Kountché, respectivement chefs d’état de la Haute Volta (actuel Burkina Faso), du Mali et du Niger, créaient avec douze de leurs pairs, le 28 mai 1975, à Lagos, la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest», rappelle le communiqué.

Le texte conjoint précise qu’après 49 ans d’existence, les vaillants peuples du Burkina, du Mali et du Niger, constatent avec beaucoup de regrets, d’amertume et une grande déception que leur organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme. En outre, la Cedeao, sous l’influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses États membres et ses populations dont elle est censée assurer le bonheur, déplorent les dirigeants du Mali, du Burkina et du Niger.

En effet, selon nos chefs d’État, l’organisation communautaire n’a pas porté assistance à leurs états dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’insécurité ; pire, lorsque ces états ont décidé de prendre leur destin en mains, elle a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes ; toutes choses qui ont davantage fragilisé les populations déjà meurtries par des années de violence imposée par des hordes terroristes instrumentalisées et téléguidées.

«Face à cette situation qui perdure, leurs Excellences, le capitaine Ibrahim Traoré, le colonel Assimi Goïta et le général de Brigade Abdourahamane Tiani, respectivement chefs d’état du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger, prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest», conclut le communiqué.

Pour beaucoup d’observateurs, la décision du Mali, du Burkina et du Niger de claquer la porte de la Cedeao n’est pas une surprise. Le signal a été donné avec la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par ces trois États en juillet dernier pour lutter contre le terrorisme dans la zone des trois frontières. Par ailleurs, lorsque la Cedeao a menacé d’intervenir militairement au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel, les autorités maliennes et burkinabé ont, dans un communiqué, averti que «toute intervention militaire contre le Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre le Burkina et le Mali».

Au delà de l’aspect défense et sécurité, l’AES pourrait, un jour, avoir une vocation d’intégration économique. Le retrait des trois pays fondateurs de l’Alliance de la Cedeao est un pas vers cette option. C’est la première fois que la Cedeao enregistre le retrait de trois états membres à la fois. Rappelons que l’organisation sous-régionale a déjà connu le départ de la Mauritanie en 2000.

Madiba KEÏTA

Source : l’Essor