Mali : Assainissement : Les caniveaux ne sont pas des dépotoirs

Publié le 28 décembre
Source : l'Essor

Dans les grandes villes, les caniveaux permettent d’évacuer les eaux pluviales, celles de ruissellement et les eaux usées provenant de nos maisons en les drainant vers les grands collecteurs afin que ceux-ci les charrient vers la rivière ou le fleuve.

 Ce mécanisme permet de circonscrire les risques d’inondation et d’assainir les villes.

De nos jours, on peut se permettre de dire que bon nombre de nos concitoyens ignorent le rôle des caniveaux et grands collecteurs. Ils y déversement déchets et autres ordures ménagères, or ces ouvrages d’assainissement contribuent à assurer la salubrité de notre cadre de vie. D’autres ont même transformé ces passages des eaux en des lieux de dépôts des déchets et des ordures. Augmentant ainsi les facteurs de risques d’inondations pouvant avoir  des conséquences imprévisibles.

Ces comportements sont-ils dus à l’insuffisance d’infrastructures d’assainissement ? Sont-ils liés à l’absence totale de sanction ou une mauvaise gestion des déchets et des ordures ?  Bien malin celui qui pourrait répondre avec exactitude à ces interrogations. Mais consciente des dangers liés à ces pratiques, l’Association des femmes dénommée : «Tièsiri de Kati Koko» a décidé de sensibiliser le grand public sur les effets néfastes de certains comportements. Elle a organisé, le 14 Décembre dans la cours de «l’école Charles Ceccaldi Raynaud 1er et 2è cycles» (école fondamentale du quartier Kati Samakébougou), une Journée de sensibilisation et de plaidoyer contre le déversement des ordures et déchets ménagers dans les caniveaux pour éviter les inondations pendant les périodes d’hivernage.

L’objectif de cette sensibilisation était d’attirer l’attention de la population de ce quartier, notamment les enseignants de l’établissement scolaire, sur les conséquences liées au déversement des déchets et des ordures dans les caniveaux et les grands collecteurs. L’Association espère que les instituteurs, à leur tour, sensibilisent les élèves dans le cadre d’une prise de conscience collective. La présidente de l’Association «Tiésiri de Kati Koko», Salimata Doumbia a apprécié cette occasion de pouvoir se rencontrer pour envisager ensemble des pistes de solutions aux problèmes liés à la gestion des ordures et des déchets. «Cet échange permettra de sensibiliser et d’informer la population contre le déversement des ordures et des déchets ménagers dans les caniveaux et grands collecteurs pour éviter les inondations».

Selon elle, «force est de constater que nos caniveaux servent pour beaucoup de dépotoirs à beaucoup de familles, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’environnement et le développement durable». Elle a estimé qu’il est donc très important de savoir gérer les ordures et déchets que nous produisons dans nos ménages, notamment les sachets plastiques, les emballages de produits, les bouteilles. Salimata Doumbia la présidente de l’Association a aussi expliqué que les ordures peuvent causer, si elles sont mal gérées, la prolifération du paludisme, le tétanos et l’inondation. «Cette journée de sensibilisation et de plaidoyer atteindra ses objectifs en ayant un impact positif sur l’environnement et sur nos actions de tous les jours», a souhaité la patronne de l’association des femmes Tièsiri de Kati Koko.

OBSTRUCTION ET REMPLISSAGE-L’environnementaliste, Seydou Traoré, a souligné que les risques liés au déversement des déchets et ordures ménagères sont l’obstruction et le remplissage des caniveaux et des égouts. Ce qui peut provoquer des inondations, constituer des gîtes larvaires pour les mouches, les moustiques et autres bestioles. Selon lui, ces pratiques sont essentiellement dues à l’incivisme de la population, au manque d’infrastructures d’assainissement, à la faiblesse de l’État (dans les prises de décision et d’exécution correcte des lois en vigueur) et à l’absence de stratégie idoine pour une gestion efficiente des déchets.

La meilleure approche pour changer de tendance est, de l’avis de Seydou Traoré, d’introduire l’éducation environnementale dans le système éducatif, faire de la gestion des déchets des corps de métiers et redynamiser l’instruction civique morale à l’école surtout en coefficient élevé. Il faut appliquer strictement les lois et exécuter les sanctions sans démagogie. «Pour mieux positiver toutes les activités à mener, les actions à engager et les actes à poser dans le cadre de l’assainissement et de la protection de notre environnement, les autorités compétentes doivent privilégier des mesures disciplinaires», a suggéré le défenseur et protecteur de l’environnement.

Il a préconisé surtout de travailler dans une synergie d’actions avec la sécurité (compagnie de la circulation routière et commissariats de police) pour sanctionner ceux qui ne respecteront pas les règles et mesures en vigueur dans le cadre de l’assainissement. Et d’obliger chaque contrevenant à payer le non respect de la loi de l’assainissement et de l’environnement (application rigoureuse de la loi du pollueur, payeur).

Il a aussi fait savoir que les déchets et ordures ne sont pas que inutiles. «Ils peuvent êtres sources de revenus et création d’emplois», a-t-il dit. À la question de savoir quelle opportunité les populations peuvent tirer des ordures,  l’environnementaliste répond : «On peut recycler les ordures et les revaloriser à d’autres fins utiles». Avant de lancer un appel à la population qui doit retenir que seule la mauvaise gestion des ordures et des déchets peut nous causer des ennuis et porter atteinte à l’environnement.

«Quant on parle de la gestion des déchets et ordures, surtout dans les milieux scolaires, c’est une très bonne initiative. Parce que c’est à travers l’école que le message peut être véhiculé», a apprécié Ibrahim Diarra, enseignant à l’école CCR de Kati. Pour lui, une fois que les enfants sont informés sur la gestion des déchets, on peut voir l’impact non seulement au niveau de l’école mais également de la ville.

Sinè TRAORE

Source : l’Essor