Mali : Aya Nakamura : Au cœur d’une polémique raciste

Publié le 15 mars
Source : l'Essor

La chanteuse franco-malienne Aya Nakamura est au cœur d’une polémique, depuis sa désignation par le président français, Emmanuel Macron, pour interpréter une chanson d’Edith Piaf à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris en 2024.

Cette décision a déclenché une réaction raciste d’un groupuscule d’extrême droite : “les Natifs”. Dimanche, des manifestations ont eu lieu à Paris avec des banderoles affichant des messages haineux tels que «Pas question Aya», «On est à Paris, pas au marché de Bamako». Née au Mali et naturalisée française en 2021, Aya Nakamura est devenue une star internationale grâce à ses tubes afro-pop.

La polémique a pris une tournure encore plus grave lorsque la chanteuse a été huée par des partisans de Reconquête, un parti d’extrême droite, créé par le journaliste politique et chroniqueur Éric Zemmour, lors d’un autre rassemblement. Face à cette situation, le Comité d’organisation des J.O. a exprimé son soutien à Aya Nakamura, la qualifiant «d’artiste française la plus écoutée dans le monde».

De nombreux fans et dirigeants français ont également condamné les attaques racistes, dont le député Antoine Leaument et la ministre des sports Amélie Oudea-Castera. Cette polémique met en lumière les tensions raciales persistantes en France et le climat politique délétère entretenu par le, Parti d’extrême droite. Alors que les J.O. approchent à grand pas, il est crucial que les autorités françaises prennent des mesures concrètes pour lutter contre le racisme et la haine. La France doit se montrer à la hauteur de ses valeurs d’inclusion et de diversité, et célébrer la richesse de sa culture multiculturelle.

La participation d’Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture n’est pas encore compromise. Le Comité d’organisation a réaffirmé son soutien à la chanteuse, mais la décision finale n’a pas encore été prise. La polémique a néanmoins déjà entaché l’image des J.O. de Paris et pose de sérieuses questions sur la capacité de la France à accueillir un événement d’une telle envergure.

 Ainsi, les artistes africains et maliens en particulier sont rentrés dans la danse en soutenant Aya. De Babani Koné à Master Soumi, des dizaines de messages de soutiens de nos artistes fleurissent les pages des réseaux sociaux. En France, c’est le chanteur Dadju, un des poids lourds du RnB en France, a aussi pris la défense de la chanteuse : «C’est pour ça qu’on est en retard ici. Vous lynchez la plus grosse artiste du pays avec des arguments de CM1, classe d’école primaire». «Ils prétendent aimer leur pays, mais ils veulent en exclure la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde depuis Édith Piaf. On ne peut pas être raciste et patriote en France», a fustigé de son côté le député de la gauche radicale Antoine Léaument.

Aya Nakamura de son vrai nom Aya Danioko, est une chanteuse de RnB Franco-Malienne. Née le 10 mai 1995 à Bamako. Elle arrive à Aulnay-sous-bois encore enfant et grandit en Seine-Saint-Denis. Issue d'une famille de griots, elle est bercée par la musique et les chants traditionnels. Après son bac, elle entame des études dans la mode, mais les abandonne pour se consacrer à sa première passion, la chanson. Après des débuts remarqués sur les réseaux sociaux et de nombreuses collaborations, elle fait une percée dès la sortie de son premier album intitulé Journal intime, en 2017, qui est certifié disque de platine après un peu plus de deux ans. En 2018, elle publie son deuxième album Nakamura, où elle se fait connaître du grand public, propulsée par le single Djadja.

Ce nouvel album est certifié disque de diamant, avec des ventes atteignant plus de 550.000 unités en France et plus de 1,2 million d'exemplaires vendus dans le monde. Ses chansons se classent dans les pays francophones et à l'étranger. En 2020, elle est l'artiste francophone féminine la plus écoutée sur Spotify avec 20 millions d'auditeurs mensuels. Elle sort cette même année son troisième album, Aya. Cet album est certifié double disque de platine en 2023, après s'être vendu à 200.000 exemplaires.

En février 2023, elle devient la nouvelle égérie beauté internationale de la célèbre marque de parfum Lancôme. Elle a été nommée femme de l'année par le magazine GQ.

Youssouf DOUMBIA

Source : l’Essor