Les dirigeants ouest-africains semblent vouloir désormais allier «fermeté» et esprit d’ouverture afin de privilégier une sortie de crise par la voie du dialogue.
Tout le monde comprend qu’une intervention militaire pourrait aggraver une situation déjà inquiétante
Les conclusions du deuxième sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’organisation tenu jeudi dernier à Abuja (Nigeria) laissent entrevoir cette perspective. Qui est confortée par le report sine die pour «des raison techniques» de la réunion des chefs d’état-major de la Cedeao devant se tenir samedi à Accra, au Ghana, pour décider du déploiement des troupes afin de «rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions».
En effet, dans son communiqué final sanctionnant le sommet de jeudi 10 août, la Cedeao a réitéré sa ferme condamnation de la «tentative de coup d’État et du maintien en détention illégale du président Mohamed Bazoum, de sa famille et des membres de son gouvernement». Tout en dénonçant les conditions dans lesquelles le chef de l’État est maintenu, l’organisation communautaire dit tenir le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), l’organe militaire ayant pris le pouvoir à Niamey, entièrement responsable de la sécurité et de l’intégrité physique du président Bazoum, des membres de sa famille et de son gouvernement.
L’organisation sous-régionale a réaffirmé les mesures et les principes convenus lors du sommet extraordinaire sur le Niger tenu le 30 juillet 2023, tout en soulignant sa détermination à maintenir ouvertes toutes les options en vue d’un règlement pacifique de la crise. En la matière, la Conférence a décidé de faire appliquer toutes les mesures, notamment celles relatives à la fermeture des frontières, aux interdictions de voyage et au gel des avoirs de toutes les personnes, groupes de personnes dont les actions ont pour effet d’entraver les efforts pacifiques déployés en vue d’assurer le rétablissement rapide et intégral de l’ordre constitutionnel.
La Cedeao a en outre prévenu les États membres dont les actions directes ou indirectes pourraient entraver le règlement pacifique de la crise au Niger, des conséquences de leurs actions devant la Communauté. La Commission de la Cedeao a été chargée de veiller au suivi de la mise en application de ces sanctions. Instruction a également été donnée au Comité des chefs d’état-major de la Défense pour l’activation sans délai de la Force en attente de la Cedeao. Dont elle a ordonné le déploiement pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel en République du Niger.
Soulignant son engagement permanent en faveur du rétablissement de l’ordre constitutionnel par des moyens pacifiques, la Conférence des chefs d’État a appelé l’Union africaine à entériner l’ensemble des décisions prises par la Cedeao sur le Niger. Aussi les dirigeants ouest-africains ont-ils invité les pays et institutions partenaires, y compris les Nations unies à apporter leur soutien à la Cedeao dans le cadre de ses efforts pour assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel, conformément à ses principes.
Dans un communiqué publié vendredi dernier, la Commission de l’Union africaine a annoncé soutenir les décisions de la Cedeao du 10 août dernier sur le Niger. Elle a appelé l’ensemble de la Communauté internationale à rassembler concrètement tous ses efforts pour sauver la vie et l’intégrité morale et physique du président Bazoum.
MÉCANISMES ENDOGÈNES- Ces mesures prises contre le Niger interviennent à un moment où la Région du Sahel fait face à de nombreux défis notamment la lutte contre le terrorisme. En réaction, les gouvernements du Mali et du Burkina Faso avaient, dans une déclaration commune, mis en garde contre les conséquences désastreuses d’une intervention militaire au Niger. Cette aventure pourrait, selon les arguments avancés par les Maliens et les Burkinabè, déstabiliser l’ensemble de la région comme l’a été celle unilatérale de l’Otan en Libye qui a été à l’origine de l’expansion du terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
À cet égard, les deux pays avaient prévenu que toutes interventions militaires au Niger voisin seraient considérées comme une déclaration de guerre et promis leur soutien politique et militaire aux autorités et au peuple nigérien. Ils avaient invité à s’attaquer aux causes des coups d’État et d’avoir la même fermeté à l’égard des terroristes qui endeuillent nos populations, à l’instar de celle affichée face à la situation au Niger.
Au demeurant, même si l’option d’une intervention militaire reste sur la table, parvenir à une solution pacifique à cette crise n’est certainement pas une gageure. Les dirigeants ouest-africains, dans leur approche, semblent vouloir allier «fermeté» et esprit d’ouverture. L’heure est-elle désormais à la désescalade entre les nouvelles autorités nigériennes et l’organisation ouest-africaine ? Si l’on ne peut, à ce stade, apporter une réponse tranchée à cette question, force est de relever l’apparition de quelques signaux qui inclineraient à voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.
Cet optimisme est d’abord conforté par le report sine die pour «des raison techniques» de la réunion des chefs d’état-major de la Cedeao qui devait se tenir samedi à Accra, au Ghana. Puis, le même samedi, afin de tenter une médiation entre l’institution sous-régionale et le Niger, une délégation des leaders religieux de confession musulmane de la République fédérale du Nigéria, conduite par Cheikh Abdulahi Bala Lau, est arrivée à Niamey.
Cette délégation des oulémas du Nigéria, indique-t-on, est venue après avoir rencontré en début de semaine à Abuja le président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, le Nigérian Ahmed Bola Tinubu. En définitive, de nombreuses voix en Afrique et dans le monde continuent à se faire entendre afin de privilégier la voie du dialogue et de la concertation.
Et puiser dans les mécanismes endogènes ou locaux afin de concilier les positions de différentes parties n’est pas quelque chose d’inédit en Afrique. Les multiples exemples de médiation menée par la communauté de Sant’Egidio, le Moro Naba au Burkina Faso et tant d’autres sont légion.
Souleymane SIDIBE
Source : l’Essor
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Mon analyse personnelle sur le projet de constitution :
A prime abord, on remarquera que la constitution n’est pas nouvelle car elle ne met pas sur pied une nouvelle république mais elle se contente de modifier la constitution actuelle en y ajoutant d’autres institutions.
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