Mali : Construction de nouveaux camps militaires : Du rêve à la réalité

Publié le 23 janvier
Source : l'Essor

Sept mois après la pose de la première pierre, les camps militaires de Bougouni, Koutiala et San sont actuellement à la phase de finalisation des travaux des bâtiments.

Ces réalisations en cours pour le renforcement de la sécurité du territoire, des personnes et leurs biens suscitent déjà de l’engouement et un réel espoir chez les populations locales 

Derrière des brouettes, des pelles et truelles en mouvement, des équerres aux murs de clôtures, des bâtiments en plein crépissage, des consignes à exécuter… des ingénieurs, techniciens du génie civil, des maçons et des manœuvres  s’activent. Chacun de son côté travaille sans relâche. Pendant que certains bâtiments sont déjà peints, d’autres sont en passe de l’être. Des dalles de toiture complètement finies. Bref, les travaux sur les chantiers des camps militaires de Bougouni, Koutiala et San se poursuivent avec détermination et sérieux. Que du mouvement! Chaque entreprise s’emploie à honorer son engagement. Cela, eu égard de l’importance que les autorités de l’outil de défense, avec en tête le chef suprême des Armées, le colonel Assimi Goïta,  accordent à ce projet.

Nous avons fait ce constat lors de notre visite du 17 au 19 janvier dernier sur ces sites de construction de nouveaux camps. La mission était dirigée par le chargé des infrastructures au niveau de l’état-major général des Armées, le colonel Sidy Cissé. En effet, le chef suprême des Armées, en parfaite entente avec son ministre de la Défense et des Anciens combattants, le colonel Sadio Camara, a planifié de doter certaines nouvelles régions de camps militaires. Financé entièrement sur le budget national, ce projet entre dans le cadre de la Politique nationale de défense et de sécurité qui prévoit l’évolution de la carte militaire.

UN TAUX D’EXÉCUTION DES TRAVAUX SATISFAISANT- C’est ce qui ressort de notre visite sur le terrain. Dans quelques mois, les Forces armées maliennes (FAMa) seront dotées de nouveaux Régiments militaires. Il s’agit du 82è   Régiment blindé à Bougouni sur une superficie de 750 hectares, du 83è Régiment d’infanterie à Koutiala sur un site de 500 hectares et du 23è Régiment d’infanterie à San qui est construit aussi sur un espace de 500 hectares. Selon le technicien du Génie militaire, le taux d’avancement des travaux du 82è Régiment blindé à Bougouni, en sa phase1, est présentement à plus de 82,25% pour un délai de 104,76%. Tandis qu’on note plus de 50% d’avancement des travaux, dans son lot n°1 pour un délai consommé de plus de 59%, pour celui de Koutiala. À San, le capitaine Modibo H. Traoré a également relevé un avancement global de plus de 61% pour un délai consommé de plus de 58%. «Nous avons constaté que les travaux sont satisfaisants. Le défi sera relevé avant le délai. Les normes sont respectées», a assuré le capitaine Traoré. Le spécialiste appréciera la présence effective des différents intervenants (bureau d’étude, techniciens, entre autres) sur les sites.

Chacune de ces infrastructures militaires dispose d’une infirmerie de garnison qui peut recevoir en même temps des populations civiles, d’un poste de commandement régiment, d’un poste de commandement compagnie, d’un poste radio militaire, des célibateriums pour officiers, sous-officiers, militaires du rang et personnels féminins de l’Armée de Terre (PFAT). On y trouve également un magasin d’armes, un hangar pour les engins lourds et légers, des toilettes, un mur de clôture pour la sécurisation du camp avec des miradors pour les sentinelles.

ESPOIR ET ENGOUEMENT-Les autorités administratives, politiques, coutumières et celles de la société civile des différentes localités abritant ces camps s’en réjouissent davantage et remercient les autorités de la Transition. à Bougouni, le chef de cabinet du gouverneur a souligné l’importance de la caserne. « Pour qui connait l’importance de notre région en termes de ressources minières et d’autres potentialités sur le plan agricole, de trafic, ce camp va renforcer le dispositif sécuritaire à travers la présence des militaires en plus des autres forces de défense et de sécurité déjà opérationnelles », a espéré Dramane Diakité. Selon lui, les travaux ne sont jamais arrêtés depuis la pose de la première pierre du camp le 13 mars dernier. Une appréciation qui le pousse à féliciter l’entreprise Sacko Fils, chargée de l’exécution de l’ouvrage, pour sa détermination. Le représentant du gouverneur de la Région de Bougouni a également remercié les autorités pour leur choix stratégique dans le cadre de la défense de notre territoire. 

Selon les témoignages du représentant de la chefferie de la Cité du Banimonitié, l’arrivée du détachement militaire chargé de la sécurisation du site a porté un coup dur à la capacité de nuisance des bandits armés opérant dans la zone. à titre d’illustration, les éléments du poste de péage, non loin du chantier, travaillent maintenant 24/24. «Sinon, ils abandonnaient leur poste à partir de 18h à cause de l’insécurité… Aussi, des attaques contre les forains ou celles qui se produisaient à la veille de chaque fête ont pris fin», a révélé Seydou Diakité. Le joyau rentre également dans le cadre du rehaussement des conditions de vie et de travail des militaires. En tout cas, c’est l’avis du secrétaire général de l’Association des anciens combattants de Bougouni, l’adjudant-chef à la retraite Drissa Sangaré.  «À notre temps, nous nous servions des tentes», s’est-t-il remémoré pour encourager les autorités à continuer à mettre le Soldat malien dans de meilleures conditions.

Ces nouveaux Régiments servent de plus aux populations civiles. Cet état de fait va créer davantage de cohésion entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les populations. La présidente de la Coordination des associations et ONG feminines (Cafo) de Bougouni a salué particulièrement la construction de l’infirmerie de garnison du Régiment qui, selon elle, soulagera les femmes dans la prise en charge sanitaire. «Nous, les femmes, nous ne pouvons que remercier les autorités pour cette initiative. L’infirmerie de garnison est aussi faite pour les femmes et leurs enfants. Ce plateau technique nous épargnera d’éventuelles évacuations», a espéré Mme Maïga Bintou Diarra.

À Koutiala, le chef de l’exécutif régional a félicité le sérieux de l’entreprise EDK-BTP, chargée de la maîtrise d’ouvrage en raison du rythme normal dans lequel les travaux se déroulent. Toutefois, le général Abdoulaye Cissé a insisté pour que les clés soient remises dans le délai imparti. Soutenant le choix stratégique des autorités, il a estimé que la présence d’un camp militaire chez lui va rassurer les cotonculteurs dans leurs activités champêtres.  Le maire de Koutiala a abondé dans le même sens. Selon Oumar B. Dembélé, le camp dont la première pierre a été posée, le 22 mai dernier, représente pour eux la sécurité et le développement. Très satisfait, le secrétaire général de la société civile de Koutiala, Bouréima Guindo, a promis l’accompagnement de son organisation dans le cadre de la sensibilisation des populations à collaborer avec les Forces de défense et de sécurité pour bouter les forces du mal hors de leur région.

Notons que la première pierre du 23è Régiment à San a été posée courant juillet 2023. Déjà, c’est un taux d’exécution à hauteur de souhait selon le gouverneur de la Région, le colonel-major Ousmane Sangaré. Lui aussi a soutenu que la réalisation de l’infrastructure permettra de renforcer la sécurité dans sa région qui devient une cible des terroristes. Les Sanois attendaient la réalisation de ce projet depuis belle lurette. « C’est un rêve du sourd-muet », a qualifié le représentant de la société civile de San. Selon le vieux Mouctar Traoré, la construction du camp équivaut à la concrétisation d’une vieille promesse faite depuis longtemps par l’ancien ministre de la Défense, Kissima Doukara. On s’en réjouit et on accorde davantage le soutien aux autorités de la Transition. Selon le 1er adjoint au maire de la Commune urbaine de San, Gaoussou Théra, la réalisation de ce projet de construction du régiment va renforcer sa confiance aux autorités de la Transition. « La sécurité est le fondement du développement », a-t-il commenté.

MENTION SPÉCIALE À LA POPULATION-Au nom des autorités militaires, le colonel Sidy Cissé a rendu un vibrant hommage à la population malienne dont la résilience et la confiance ont permis ce déploiement de la carte militaire. C’est grâce à l’effort et au soutien de la population, appréciera-t-il, que toutes ces infrastructures sont en train d’être réalisées pour la défense, la sécurisation du territoire national, des populations et leurs biens. 

Par ailleurs, l’officier en charge des infrastructures au niveau de l’état-major général des Armées a noté que les entreprises choisies ont su prouver leur compétence dans la réalisation diligente des travaux, conformément aux instructions des autorités. Pour lui, le délai imparti pour ce projet atteste de l’importance que la hiérarchie militaire accorde au renforcement du dispositif sécuritaire. Auparavant, le chef de mission avait abordé les impacts socioéconomiques et sécuritaires de ces camps qui seront probablement opérationnels d’ici au deuxième semestre de cette année. Si toute grande puissance se repose sur une armée forte, notre pays pourra être développé dans les prochaines années au regard de la priorité accordée à l’outil de défense.

Envoyés spéciaux

Oumar DIOP

Oumar DIAKITE

Source: l'Essor