Le Mali est dans une phase très importante de sa vie politique. Bientôt le premier tour de l’élection présidentielle. Pour la campagne présidentielle, nous y sommes déjà. D’un coté, nous assistons à des séparations ou divisions et de l’autre, des ralliements et coalitions. Ce qui importe est le pourquoi de ces dénouements et nouements ? Pour quelle fin ?
En 2013, nombreux étaient ces candidats qui cherchaient le fauteuil du président. Deux candidats sont retenus pour le second tour, Ibrahim Boubacar KEITA (IBK) et Soumaila CISSE. Vue la situation que traversait le pays, pour la plupart des Maliens, IBK était l’homme de la situation, il était de ce fait le grand favori. Lui, était le soleil qui fera raviver ce que la nuit avait fait pâlir. IBK, était pour la majorité des Maliens, le grand rayon dans une maison prisonnière de l’ombre. Cependant, la majorité s’était-elle trompée ? IBK remporta les élections présidentielles de 2013.
Au cours de son mandat, des Maliens ont cru se tromper en votant IBK car il n’a pas résolu le problème dont ils pensaient que ce dernier était la solution. L’on assista à une kyrielle de remaniements ministériels avec à la clé 5 Premier ministres qui se sont succédés. Des grèves instantanées ont eu lieu, des marches ont eu lieu, des plaintes, des critiques montrant que le président IBK est incapable, qu’il fait du favoritisme. Les uns le dénigrent, et les autres le soutiennent. Cependant, la solution face au problème du Mali n’est-elle pas tous les Maliens agissant de concert par IBK lui-même ? Pour la résolution du problème malien, chaque Malien compte. Le problème du Mali n’est –il pas un problème des Maliens et non celui d’une personne ?
2013-2018, cela fait cinq ans. Comme le mandat du président dans la constitution malienne est de cinq ans, une opportunité est offerte aux Maliens pour choisir un autre candidat ou reconduire IBK. L’alternance du pouvoir fait partie des principes de la démocratie, sera-t-il le cas en 2018 ?
-Quand l’opposition procède au dénouement à l’approche des élections.
En 2005 au Burkina Faso, l’OBu (Opposition Burkinabaise) était une coalition de partis politiques qui avait pour objectif de présenter un candidat unique face à Blaise Compaoré. Emile Paré était le chef de fil de l’opposition et le professeur Laurent Bado était le vice-président. Mais six mois à peine, l’OBu s’éclata car Emile Paré voulait être candidat de même que Laurent BADO. Ainsi, ce fut le dénouement entre les deux.
Au Mali, l’opposition dans le même sens. Elle est dénouée. Ce qui fait qu’elle semblait être non-existante les années précédentes. Pourrait-elle gagner Koulouba en allant aux élections en rangs dispersés ? Cela montre que personne ne veut céder à l’autre. Pire cela n’est-il pas une preuve d’égocentrisme nourri par la satisfaction d’intérêts personnels ? Ce que cette opposition cherche n’est rien d’autre que l’acquisition du pouvoir car elle sait que c’est sa dernière carte. Mais quand l’opposition veut le pouvoir par tous les moyens, et quand ses membres ne sont que des individus dont les esprits et les regards sont tournés vers le sol et les bras et les pieds en avant, nous ne sommes pas loin du dommage. Quand l’opposition est victime de dénouement, le tissu social est touché, les menaces grandissent, elle s’affaiblit et les pressions sont grandes.
-Quand le nom d’une personne est le grand mot des campagnes
IBK est candidat à sa propre succession. Le sobriquet Boua lui a été attribué. Tous les discours s’articulent autour de ce fameux nom. Boua ka bla Vs Boua ta bla/an ko boua. La majorité présidentielle, l’opposition et ceux qui ne sont ni de l’un et de l’autre, tous parlent de Boua. Mais, quand la campagne s’articule autour d’une personne,
-il n’y a plus d’idéologie à défendre ;
-il n’y a pas de débats politiques ;
-l’intérêt général est oublié au profit de l’intérêt personnel ;
-ce n’est plus celui qui fait l’affaire du pays qu’il faut voter mais celui qui fait mon affaire ;
-des partis, des mouvements et des associations se rallient à cette personne pour question de poste ou de ressources ;
-le pays est divisé, la colère grandit et le dommage rode à la porte du pays ;
-le peuple n’a plus de vrai repère ;
Pire, si l’opposition, la majorité, veut chacun accéder au pouvoir manu militari, l’arrivée du dommage est imminent.
L’heure est venue de revoir la manière de faire les campagnes. L’on fait croire au peuple qu’il n’est pas le détenteur du pouvoir par des pressions morales. Les débats sont absents dans notre politique actuelle bien que c’est à partir de cela que l’on pourrait connaitre qui est capable. En plus de cela, il y a les différents programmes de société, voire ce qui est réalisable et ce qui relève de la démagogie. C’est la facette qui est révélée au peuple et la politique du ventre est mise en avant. Dans ce genre de situation, il est difficile, voire impossible de dire la vérité. Il faut que les Maliens comprennent que ce n’est pas la majorité qui doit faire la vérité, mais que c’est la vérité qui doit faire la majorité. Vue les dénouements et les nouements, il est prudent de ne pas prédire qui remportera ces élections.
En claire, personne ne peut dire maintenant avec exactitude le nom de celui qui sera élu. Cependant, une autre tendance semble montrer que le vote est déjà fait, et que le vainqueur est déjà connu.
Laxi Jonas KONE,
Etudiant en master philosophie
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