« En juin 2014, j’introduisais ainsi une précédente tribune sur la jeunesse du Mali : « Ne rendez pas notre jeunesse vulnérable. Elle est désemparée, déboussolée ! Elle veut, elle peut travailler ! »
Le texte se concluait ainsi : « J’appelle donc toutes les personnalités du pays, à chaque niveau de décision, et l’ensemble des acteurs économiques, à multiplier les initiatives et les investissements en faveur de l’emploi de la jeunesse. Afin qu’elle ne soit pas vulnérable, mais comptable de ses actes et ainsi responsable de son futur ».
Presque trois ans plus tard, l’espoir, même mince, de plus d’emplois a laissé place à une immense détresse. Malgré les chiffres ministériels, relayant la promesse présidentielle réaliste et réalisable de création de 200 000 emplois, dont on ignore la réalité opérationnelle, preuve est faite que la jeunesse n’en a nullement ou très peu bénéficié. Sa triste, choquante et désespérante situation de chômage, de précarité et de fragilité économique se traduit déjà par une colère presque explosive dans nos quartiers, dans nos communes, dans toutes les régions !
La jeunesse est pourtant prête à des efforts importants et conséquents pour être devenir actrice d’un avenir meilleur. La pire attitude des décideurs envers elle serait de se résoudre à la fatalité en matière d’emploi en occultant toutes les énergies constructives, positives et abondantes qu’elle peut déployer. Les gouvernants ne peuvent plus ajourner des décisions drastiques à prendre pour l’emploi ni afficher de l’indifférence à l’égard de cet enjeu majeur. Ce problème n’est pas un défi secondaire ou subsidiaire : il est bel et bien, avec la paix et la sécurité, prioritaire. L’heure n’est plus à hésiter entre un pessimisme démobilisateur et un optimisme béat pour la jeunesse ; il faut désormais imposer et réussir des actes concrets ! Sans faiblesse, sans excuse, sans faux-fuyant, sans fuite en avant. Sans se contenter de quelques palliatifs ou solutions temporaires.
La jeunesse croit à tous les possibles, elle se nourrit d’enthousiasme malgré l’indifférence politique dont elle est victime, parce qu’elle a l’intelligence de la vie. Elle n’a pas peur d’échouer parce qu’elle a l’énergie d’apprendre. Sans avoir à imaginer l’exil avec ses périls et ses désillusions, elle doit pouvoir travailler et vivre ici, au Mali.
Dans cette perspective, je propose dès à présent à nos autorités deux axes possibles d’actions concrètes pour générer des emplois qualifiants pour la jeunesse :
1) Environnement, sécurité et solaire. Dans notre capitale, commune par commune, comme dans les grandes villes maliennes, création de brigades environnementales et organisation d’ateliers de recyclage (plastique : papiers, verres, selon des modèles déjà expérimentés et réussis dans d’autres pays) permettant de générer des ressources à certaines populations. Je propose aussi la création de brigades de sécurité routière en charge d’accompagner la police là où elle ne peut pas sécuriser une route, pour assurer la sécurité des piétons avec un matériel de signalisation adéquat.
2) Nouvelles technologies, numérique et solidarité sociale. Création dans chaque quartier communal d’un centre numérique dédié aux nouvelles technologies et, dans chacun de ces centres, d’un atelier spécifique pour inciter les jeunes à imaginer, sur des bases créatives et professionnelles, leurs propres start-up. En parallèle, je propose d’investir dans quatre bus aménagés en bureaux d’aide sociale et de solidarité qui tourneraient dans les quartiers selon un planning connu.
Cette tribune est donc bien un message d’urgence au département en charge de l’Emploi.
La jeunesse est à bout des promesses non tenues, et dramatiquement inquiète de son avenir et de son irrémédiable plongeon dans la précarité.
Notre pays ne sera vraiment en paix et en sécurité que si la jeunesse malienne a enfin la certitude qu’elle est considérée comme un de ses atouts majeurs, avec un emploi et un avenir ».
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