Selon les directives de l’Organisation mondiale de la Santé pour les programmes de prévention du VIH chez les jeunes, l’initiation précoce de l’activité sexuelle est définie comme ayant eu de premiers rapports sexuels vaginaux avant ou à l’âge de 14 ans. Pour la simplicité du texte, l’accès à l’activité sexuelle après l’âge de 14 ans est qualifié de plus tardif. Premiers rapports sexuels. Parmi les 15 à 19 ans, 50% des hommes et 47% des femmes déclarent avoir déjà eu des rapports sexuels. Dans la tranche des 20 à 24 ans, 88% des hommes et 91% des femmes déclarent en avoir déjà eus. L’âge moyen aux premiers rapports est de 16,4 ans pour les hommes et de 16,8 ans pour les femmes.
Dans l’ensemble, 18% des jeunes hommes et 8% des jeunes femmes disent avoir eu leurs premiers rapports sexuels avant ou à l’âge de 14 ans. Dans les deux tranches d’âge, les jeunes hommes sont significativement plus susceptibles que les jeunes femmes de déclarer avoir eu de premiers rapports sexuels précoces. Majorité des jeunes considérés dans cet échantillon nationalement représentatif n’ont pas déclaré avoir eu de rapports sexuels à un âge précoce et beaucoup ont dit avoir utilisé le préservatif, en avoir parlé avec leur partenaire, avoir été d’âge relativement proche de celui de leur partenaire et s’être engagés volontairement dans leurs rapports sexuels. Cependant, étant donné la haute prévalence de l’infection à VIH au sein de la population générale, les comportements sexuels pouvant être jugés comme présentant.
La réflexion ici sur la problématique de la sexualité précoce s’est développée au travers de l’expérience acquise des jeunes, et dans des animations d’espaces paroles autour de la sexualité en milieu scolaire. La proportion de jeunes, filles ou garçons, qui ont leurs premières relations sexuelles avant 15 ans est estimée à 60 %. Le taux de jeunes sexuellement actifs augmente ensuite rapidement, et dans des proportions semblables dans les pays développés. Entre 17 et 18 ans, 90 % des jeunes ont vécu au moins une relation sexuelle avec pénétration, et plus d’un tiers déclare avoir déjà noué une relation durable. Les garçons sont plus nombreux dans le groupe des initiateurs précoces. L’engagement affectif est significativement moindre pour les initiateurs précoces que pour les initiateurs tardifs, surtout chez les garçons, alors que chez les filles, un engagement affectif est majoritairement présent dès les premiers rapports. Chez les plus jeunes, les facteurs normatifs, liés à la pression du groupe ou l’insistance du partenaire semblent jouer un plus grand rôle que chez les plus âgés. Cela étant, l’importance de ce facteur dans les motivations aux premiers rapports est très élevée. L’apprentissage de la vie affective et sexuelle se fait au travers de relations qui peuvent être brèves, bien que souvent intenses. Le dialogue sur la contraception est peu fréquent entre partenaires sexuels. Les initiateurs tardifs utilisent plus souvent que les autres une contraception aux premiers rapports. Dans l’ensemble, le préservatif a permis une augmentation des taux de protection aux premiers rapports, puisque ce taux, qui a longtemps stagné à moins de 50 % quand la pilule était le seul moyen contraceptif utilisé, est aujourd’hui supérieur à 75 %.
A contrario, ceux ou celles qui ont déjà eu des relations sexuelles évoquent rarement leur maturité psychologique, à l’exception des filles qui, après des premiers rapports qui se sont passés dans la confusion et sans qu’elles l’aient véritablement voulu, en expriment le regret. Celles-là se sont souvent senties contraintes par le petit copain, ou ont été surprises par des situations imprévues, dans lesquelles elles n’ont pas été capables de dire non, sans avoir vraiment dit oui… C’est alors que, dans l’après-coup, elles peuvent venir nous demander si elles sont encore vierges, s’il y a vraiment eu des rapports complets. Les regrets très fréquents exprimés par les jeunes après les premiers rapports dépassent largement le cadre décrit ci-dessus, et réfèrent souvent au sentiment de s’être faite avoir ce qui signifie qu’elles se seraient trompées sur la nature des sentiments du petit ami, qui, lui, « n’aurait voulu que ça » c’est à dire des rapports sexuels. Si dans certains cas, des garçons peuvent exploiter les sentiments amoureux de leurs amies pour avoir des relations sexuelles, le plus souvent, la réalité est très certainement différente et plus complexe, ce d’autant que ce sont souvent les filles qui rompent rapidement après les premières relations sexuelles. De façon paradoxale, alors que dans bien des cas, les premières relations semblent décidées, on observe une tendance très générale des filles à vouloir se situer dans une position de victime, victime de la sexualité des garçons. Ainsi peuvent-elles minimiser leur responsabilité après coup, dans des situations où probablement l’influence et les normes des pairs ont joué à leur insu un rôle important dans les « décisions » d’avoir les premières relations sexuelles. Le sentiment d’avoir été utilisée ou d’être convoitée comme un objet à des fins purement sexuelles, alors que leur demande à elle est essentiellement de nature affective, est le différend majeur qui oppose filles et garçons dans la jeunesse. Ce n’est pas parce qu’un premier rapport s’est mal passé que toute la vie sexuelle est condamnée. S’il est important que ces filles puissent exprimer leurs regrets, il est tout aussi important de tenter de leur faire prendre conscience de leurs responsabilités dans ces histoires, pour les faire sortir d’un statut de victime, et de démonisation des garçons. On peut cependant penser que les passages à l’acte de nature sexuelle ne sont pas toujours les plus négatifs, même s’ils comportent des risques. Par leurs comportements sexuels, ces filles expriment un immense besoin d’amour et de reconnaissance. Dans ces conditions, le plus souvent, elles ne trouvent pas ce qu’elles recherchent. Mais les hasards peuvent faire que l’on tombe sur un garçon ou sur une fille gentille et supportif, compagnons qui peuvent être d’un secours infini dans des situations dramatiques, et qui peuvent devenir les moteurs à survivre et à trouver de l’aide.
On ne peut malheureusement pas oublier celles, nombreuses, dont les premiers rapports sexuels sont subis, qui n’ont ni choisi, ni désiré d’en avoir. Les adolescentes sont la cible privilégiée des agressions sexuelles et des situations incestueuses, qui parfois ont débuté dans l’enfance. De ce fait, les filles qui ont les rapports sexuels les plus précoces sont manifestement celles qui ne souhaitaient pas en avoir, sauf à prendre les désirs Eudipiens au pied de la lettre… Cette collusion des fantasmes et de la réalité est l’une des souffrances supplémentaires que ces filles ont à vivre. Au plan pratique, soulignons que les adolescentes porteuses de maladies chroniques, et plus encore de handicap mental, constituent une cible privilégiée d’agressions sexuelles et de situations incestueuses. Finalement, après ces observations, force est de constater qu’il n’y a pas de frontière claire en terme d’âge chronologique délimitant un état de maturité psychoaffective permettant des relations sexuelles, et un état de prématurité qui ne le permettrait pas. Cela étant, le législateur a retenu l’âge de 15 ans, comme étant celui qui permet à un jeune d’avoir des relations sexuelles avec la personne de son choix. Mais les incohérences de la loi traduisent bien les difficultés d’établir des normes en matière de sexualité, ou comme enfin elle lui reconnait le droit d’une autorité parentale pleine et entière concernant l’enfant qu’elle met au monde. Les motivations des jeunes pour s’engager dans une relation sexuelle. La problématique de la prévention des risques liés à la sexualité, à savoir grossesses, MST et Sida, est devenue tellement prépondérante, tant pour les médecins que pour les parents et pour l’ensemble du corps social, que l’interrogation fondamentale vis-à-vis de la sexualité est aujourd’hui totalement absente : on ne se demande plus, et on ne demande plus aux adolescents pourquoi ils font l’amour, mais comment ils le font : avec pilule, avec préservatif… Pourtant, on ne peut éluder la question du pourquoi qui reste encore aujourd’hui essentielle. Ainsi, les relations sexuelles doivent être envisagées dans le cadre d’une problématique plus large et centrale dans la jeunesse, celle de l’agir. Les premières expériences sexuelles constituent l’un des « agir », essentiels à cet âge. Le jeune a besoin de faire, d’éprouver, dans le double sens de ressentir et de se mettre à l’épreuve, de se tester, avant de pouvoir éventuellement, dans l’après- coup, en dire quelque chose. Une des finalités des premières relations sexuelles, c’est d’éprouver la réalité de ce corps, et d’apprendre ainsi peut-être que « j’étais fait pour avoir un corps ». Il est utile de leur expliquer que pour tout dans la vie, il faut du temps, il faut apprendre. Ici, il faut s’apprendre, il faut apprendre son corps Le vécu de la sexualité peut aussi être perturbé par l’absence de contraception, qui inquiète souvent les jeunes au moment des rapports, et peut conduire à modifier de façon frustrante leur réalisation. Les réactions parentales jouent un rôle majeur sur la sexualité des adolescents. Dans certaines familles, minoritaires aujourd’hui, la sexualité dans la jeunesse est proscrite. Dans les cas les plus rares, il s’agit de valeurs religieuses où la sexualité est inscrite dans le mariage; dans ces familles, quand la communication parents-enfants existe, que les adolescents reprennent à leur compte les valeurs parentales, la virginité est valorisée et l’absence de rapports est vécue positivement et sans problèmes. Quand les interdits font plus référence à des traditions culturelles qu’à des valeurs religieuses, quand les interdits sont édictés au sein de familles en difficulté, qui se défendent contre un environnement mettant à mal leurs valeurs, quand les interdits sexuels s’associent à d’autres violences, ils ont toute chance d’être transgressés, pour tout à la fois agresser sa famille, tenter de s’en libérer, mais finalement en rester prisonnier puisque la sexualité n’est pas agie pour soi. Dans ces situations, il est fréquent d’observer non seulement des comportements sexuels précoces, mais aussi des grossesses, des tentatives de suicide. Dans les cas plus habituels, les discussions sur et autour de la sexualité au sein des familles est possible, voire dans certains cas obligée. S’il est important pour le jeune d’avoir une famille, ou plus souvent une maman, à qui » on peut parler de ça et qui peut comprendre » il y a aussi des parents qui autorisent une sexualité, sous réserve qu’on leur en dise tout. Or en Afrique, la discussion sur la sexualité n’est pas possible pour les parents, qui ne se sentent pas capables d’en parler. La perception que les adolescents ont des réactions parentales, de ce qui est dit et non dit, a une importance majeure sur la façon dont ils vont vivre leur sexualité. Si une libération sexuelle a eu lieu, la problématique de la relation aux parents dans le dire et le faire de la sexualité adolescente est loin d’être simple et univoque.

Aliou Dia
Auteur, philosophe et ingénieur GRH
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