Il a choisi, il a osé : il a dit NON !

Ex Premier Ministre malien et journalistes français, boucs émissaires d’un pays en crise, d’un Président acculé, ou des deux ? Eculée, la stratégie du bouc émissaire,  cette arme primitive, est toujours aussi efficace, d’autant qu’elle est amplifiée par les nouvelles technologies Comment comprendre cette violence frôlant la haine, déchaînée contre un Premier Ministre démissionnaire qui a osé dire « non » au Chef, osé remettre publiquement en cause le choix du « père », qui a osé enfreindre les codes sociaux, aussi « amoraux » soient-ils, lui que l’on qualifie soudainement d’Etranger ? Comme l’a écrit un journaliste quelque part, qui décerne le label « Malien », sur quels critères ? A peine si on ne rend pas ce « soudain  étranger » chez lui  responsable de tous les maux du Mali, depuis son accession à l’indépendance !

Toutes ces informations qui déferlent sur nous en ce moment n’ont pas pour objectif de nous éclairer sur les actions  et les  fréquentations d’un alors  simple citoyen malien. Non, elles ont pour but d’abattre le Mali en s’attaquant à un seul Homme, car, c’est bien connu, il est le Mali à lui tout seul, enfin pas exactement tout seul, puisqu’il le partage avec son Klan.

Rejetons la faute sur les autres car c’est toujours de la faute des autres, de l’Etranger. Cet Etranger que l’on a « pariarisé », excommunié, exilé, brûlé, gazé, « macheté », que l’on indexe encore aujourd’hui dans les pays dits démocratiques avant de le « chartériser », pour justifier l’incapacité des pouvoirs en place à juguler les crises. Une famille roumaine qui cristallise les ambitions d’un Premier Ministre français, né espagnol, est renvoyée « roulotter » chez elle, symbole stigmatisée d’une communauté nomade. Vous pensez que cet homme est qualifié pour défendre les droits des hommes dans le pays  supposé  des droits de l’homme ? Vous pensez que le Président d’un pays qui nomme un tel Premier Ministre est venu vous sauver, vous, par bonté d’âme ? Vous pensez que le Président d’un pays qui fait de la diplomatie « économique » son alpha et son omega ira défendre des valeurs autres que sonnantes et trébuchantes ? Car, aujourd’hui, Ambassadeur = VRP. Futurs diplomates, soignez votre CV et intégrez une Ecole de Commerce !

Et pour montrer que la nature humaine reste la même sous tous les cieux, chez nous, en Afrique, cet étranger installé chez ses frères africains depuis tant de générations, au gré des crises, se révèle soudain « étranger à l’ivoirité », musulman indésirable en Centrafrique, Congolais d’une rive renvoyé à sa rive d’origine. Et dire que notre Président rentre à peine de la commémoration du 20ème anniversaire du génocide rwandais…

Le bouc émissaire, catalyseur de la violence des sociétés

Oumar Tatam LY a dit « NON » à ceux qui pensent que tout le monde partage le même désir: utiliser le pouvoir à  son  avantage exclusif.  Parce qu’il était au service du Mali et non de ceux qui pensent que le Mali est  à leur service, sa singularité, sa différence,  l’ont  « tué ». On ne le dit jamais assez, le groupe peut être rassurant mais il  est aussi tyrannique  quand il impose  qu’il n’y a point de salut pour l’individu en dehors de lui, que les règles qui  le  régissent  sont  immuables  et  inviolables,  sous  peine  de  rejet  souvent  violent,  destiné  à  marquer  les esprits  et  dissuader  les  veaux  qui  auraient  l’idée  saugrenue  de  dresser  leur  tête  au-dessus  du  troupeau.  La tradition, le sempiternel « ah chez nous c’est comme ça dè »,  la résistance au changement  qui étouffent nos jeunes et les poussent à émigrer pour échapper à la pression familiale et sociale.

Rappelons  que  les  totalitarismes  du  vingtième  siècle  ont  cherché  à  détruire  l’individu.  «  Le  sacrifice  de l’existence  individuelle  est  nécessaire  pour  assurer  la  conservation  de  la  race   »  écrivait  Hitler  dans  « Mein Kampf ». En juillet 2012, parce qu’il vivait non marié, un couple a été lapidé à Gao par des Islamistes intégristes. Bouc  émissaire  de  la  société  totalitaire  du  moment,  ce  couple  victime  d’un  horrible  fait  divers  a  accéléré, malgré  lui,  le  déclenchement  de  l’opération  Serval,  grâce  notamment  à  l’émotion  suscitée  qui  a  été instrumentalisée par les militaires français.

« Papa Hollande au Mali » de Nicolas BEAU1 :

Page  12 :  « L’horreur  de  ce  fait  divers  a  justifié  dans  les  antichambres  ministérielles  et  sur  les  plateaux  de télévision  la  croisade  de  l’armée  française.  La  propagande  gouvernementale  a  joué  habilement  sur  le cauchemar  que  constituerait  la  création  imminente,  au  cœu r  de  l’Afrique,  d’un  Etat  multipliant  de  tels agissements.  Contrairement  à  l’intervention  en  Syrie  (100 000  morts  et  1 400  gazés  tout  de  même)  qui  a donné lieu à une saine polémique, personne dans les rangs médiatiques pour s’interroger sur la pertinence de l’analyse des militaires français sur le Mali et sur les intentions cachées du pouvoir français. ».

Page 16 : « L’opération Serval s’inscrit clairement  dans  la  filiation des  48 opérations militaires menées par la France  en  Afrique  depuis  les  années  des  indépendances.  La  mise  en  scène  de  ces  interventions,  plus sophistiquées  que  ne  l’était  celle  des  expéditions  coloniales,  est  décrite  par  l’universitaire  Mohammad Mahmoud Ould Mohamedou2. Le scénario se découpe en cinq séquences :

  • Dans un premier temps, d’habiles communicants préparent les esprits à une intervention armée grâce à une campagne contre la « soudaine dangerosité » d’un régime, d’un homme ou d’un groupe ».  On oublie un peu trop facilement aujourd’hui qu’au Mali, les « aqmistes » ont envahi le Nord grâce au soutien que le pouvoir français d’alors a apporté au MNLA.  Hier, ils n’ont pas vu les « terroristes » derrière le MNLA de l’époque,  aujourd’hui  ils veulent la  partition  du Mali au profit du MNLA  et demain, que feront-ils  du Mali si nous ne prenons pas en main notre pays ?  Leur incapacité à anticiper les conséquences de leurs actes à moyen terme est criminelle.  En janvier 2011,  on pouvait lire dans  un article du numéro 149 de la revue française  Défense  (janvier-février  2011)  consacré  au  Sahel,  que  « les  combattants  d’Aqmi  sont  peu nombreux,  moins  de  trois  cents  dans  la  bande  sahélo-saharienne  et  n’ont  jamais  constitué  une  levée significative  de  volontaires  provenant  d’autres  Etats  sahariens  ou  sahéliens »…   « Il  s’agit  donc  d’une menace très régionalisée, sans grande portée, essentiellement de nature criminelle de droit commun. En effet, contrairement  à  ce que veut faire croire Aqmi, les gouvernements et les administrations de la zone semblent hors d’atteinte directe et grave, et seuls sont véritablement visés des intérêts occidentaux privés, toujours choisis avec soin ». Et l’article de conclure qu’ «avec le temps, la capacité emblématique d’Aqmi à présenter un djihad fantasmé va donc s’étioler et disparaître »3. Bravo l’analyse !
    Il  est  vrai  qu’ils  sont  bien  aidés  par  la  cupidité  de  nos  dirigeants  qui  ont  conduit  à  la  situation d’aujourd’hui.  Accepter la création d’un Mali du Nord après l’exemple du Soudan du Sud, c’est installer demain  l’Afrique  dans  un  état  de  guerres  permanentes :  chaque  région  un  tant  soit  peu  gâtée  par  la nature se  sentira  en droit de  réclamer  son indépendance  pour jouir seule  et/ou  en complicité avec ses « partenaires »  historiques  occidentaux  de  ses  richesses.  Riches  de  leurs  mines  d’or,  pourquoi  Kayes  et Sikasso  n’exigeraient-elles  pas  leur  sécession ?  La  Chine,  l’Afrique  du  Sud,  le  Canada  ou  l’Australie  se feront un plaisir de les soutenir dans leur demande, avec la complicité de   la communauté internationale. Assumons le nouveau redécoupage de l’Afrique pour satisfaire les intérêts court  termistes des puissants du moment, ceux de chez nous et d’ailleurs : l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement, semble t’il.
  • « Deuxième  temps,  les  régimes  discrédités  du  Sud  entrent  en  jeu.  Pour  se  refaire  à  bon  compte  une virginité,  des  chefs  d’Etat  à  bout  de  souffle  réclament  « l’ingérence »  de  leurs  alliés  du  Nord ».  Ah  cet Alassane  Ouattara  qui  n’a  pas  hésité  à  instrumentaliser  l’UEMOA  pour  nous  placer  sous.  Mais  jusqu’à preuve  du  contraire,  l’UEMOA  a  pour  mission  la  « réalisation  de  l’intégration  économique  des  États membres,  à  travers  le  renforcement  de  la  compétitivité  des  activités  économiques  dans  le  cadre  d’un marché ouvert et concurrentiel et d’un environnement juridique rationalisé et harmonisé  ».  Je ne vois pas de rôle politique dans ses prérogatives ni qu’elle soit le gendarme de l’Afrique de l’Ouest. Et Idriss DEBY qui a gagné le droit de mater son opposition en  venant mater nos terroristes.    Ne parlons pas du Médiateur burkinabè et des casseroles qu’il traîne, le moindre n’étant pas l’assassinat de son frère d’armes, Sankara. On comprend qu’il ne veuille pas quitter le pouvoir…  Il semblerait que les Burkinabès n’ont pas l’intention de se laisser faire cette fois.
  • « Dans  une  troisième  phase,  l’histoire  s’accélère,  les  réunions  internationales  ad  hoc  se  multiplient  et  la décision  d’intervention  devient  légitime.  La  communauté  internationale,  acteur  majeur  encore  que   flou, donne son onction à la déclaration de guerre. Simple comparse, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas voix au chapitre. Ce fut vrai au Mali, ce fut le cas en Lybie.
  • Dans  un  quatrième  rebondissement,  la  puissance  occidentale  intervient…  par  « un  déploiement spectaculaire de force, de type « shock and awe » (choquer et impressionner) », du nom de l’intervention américaine en Irak en 2002.
  • Enfin, le spectacle doit s’achever par l’acte final,  une  conférence internationale organisée pour « aider »  le pays meurtri. Les effets d’annonce sont amplifiés mais hélas, sans lendemain. C’est ainsi qu’au printemps 2013, il fut promis au Mali 3 milliards d’euros… De telles promesses n’engagent que ceux qui y croient  ». Et ils sont nombreux encore à y croire, pauvres d’eux ! Gardez vos sous et laissez-nous Kidal.

De  Buisson  à  Puga,  l’extrême-droite  française  aux  commandes  de  notre destinée

Allons-nous  confier  notre  sort  au  Général  Benoît  Puga,  chef  d’état–major  particulier  reconduit  auprès  de François Hollande, proche de l’extrême-droite, catholique ultra traditionnaliste et militaire colonialiste ? Benoit Puga qui a « commencé à élaborer ses plans de débarquement au Mali dès l’automne 2012… au moment même où  François  Hollande  tenait  la  première  conférence  de  presse  de  son  mandat  en  affirmant  qu’il  n’avait  nulle intention d’intervenir militairement au Sahel. D’ailleurs, comment légitimer une intervention militaire française contre les islamistes locaux sans mandat des Nations-Unies ? Premier mensonge, et de un ! Début janvier 2013, le général Puga souffle au chef de l’Etat le moyen de rendre légal l’opération: il suffit, dit-il, que Dioncounda Traoré, le président malien d’alors, demande officiellement l’intervention de   la France contre les islamistes sur son sol.  Hollande est séduit. Traoré s’exécute. L’opération Serval peut débuter. Et qu’importe si Traoré a seulement fait allusion à une intervention aérienne. Pour Puga, il fallait de toute faç on envoyer des troupes au  sol. « Cela faisait partie des plans de l’intervention depuis déjà deux mois », assure un familier du dossier. »4.

Nicolas  Beau  est  encore  plus  précis :  « Dans  sa  lettre,  le  président  Traoré  plaide  pour  une  « intervention aérienne »,  susceptible  d’apporter  « un  appui  feu »  et  un  « appui  renseignement »  aux  troupes  maliennes.  Il n’est nulle part question de la moindre présence des troupes françaises au sol.5 » Et de deux !

A Jean-Yves Le Drian, Ministre va-t’en guerre breton de la Défense  lui aussi  reconduit ? En lisant cet article.6 de Mediapart, on serait tenté de croire que Le Drian  veut  reproduire, avec le  MNLA,  le modèle breton au Mali. L’auteur de  cet  article,  Françoise Morvan7, nous apprend,  que les  Bretons qui  manifestaient fin 2013  contre l’écotaxe  et  avaient  comme  mot  d’ordre,  « vivre,  décider  et  travailler  au  pays »,  ont  obtenu  la  « victoire  sur toute la ligne : le gouvernement cède et les Bretons bénéficient d’un «  pacte d’avenir »  « rédigé en Bretagne par les Bretons pour les Bretons »,  comme l’a dit le premier ministre. Véritable prime à la casse,  ce pacte est aussi un véritable affront à la solidarité, puisque des régions de France plus excentrées que la Bretagne et souvent plus atteintes par la crise économique, n’en ont pas bénéficié.

Et si cette pseudo-révolte des Bonnets rouges avait été pain bénit pour les membres du gouvernement, comme Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de la Défense, ancien président du conseil régional de Bretagne et désireux de faire de la Bretagne un « tigre  celtique » sur le modèle de l’Irlande   ?  Se servir des Bonnets rouges pour se servir de la Bretagne afin de mettre en œuvre le projet de décentralisation…

…  Je  me  contenterai  donc  de  rappeler  que  la  « révolte  des  Bonnets  rouges » n’a  jamais  été  une  révolte identitaire  opposant les bons Bretons opprimés au roi de France, à ses taxes et à ses abus. «  Cette révolte, qui oppose  les  paysans  bretons  à  leurs  exploiteurs  bretons,  est  avant  tout  sociale »,  écrivent  ces  historiens, dénonçant  une  « manipulation  de  l’histoire  de  la  Bretagne » et  une  « escroquerie  intellectuelle ».  Ah  lala,  et l’Azawad, ce n’est pas une manipulation de l’Histoire ?

Le  Mali  n’est  pas  la  France,  la  Bretagne  n’est  pas  Kidal,  les  enjeux  ne  sont  pas  les  mêmes.  Néanmoins,  les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets : l’absence de développement, le pillage et la mauvaise répartition  des  richesses  sont  les  responsables  de  toutes  ces  crises  qui  génèrent  tant  de  violence  dans  nos sociétés. Un pouvoir central, qui de plus est kleptocrate chez nous, s’accapare les richesses et décide pour tous sans tenir compte des particularités  régkonales. Un pouvoir autiste qui refuse d’entendre la voix du peuple de gré, l’entendra de force.  Sans  oublier les multinationales qui se servent sans vergogne, sous couvert de pots de vin conséquents versés à nos vampires nationaux.

Séparatistes du Nord, nul besoin de prendre les armes pour vous faire entendre. Vous, les agitateurs du MNLA qui passez  votre temps en France ou au Parlement  Européen, prenez  donc exemple sur vos amis  Bretons  et leur « bonnet  rouge8 » : enveloppez  votre tête dans un turban bleu indigo et  défilez  sur  vos chameaux dans Kidal  pour  réclamer  plus  d’autonomie.  Cela  correspondra  plus  au  cliché  romantique  que  se  fait  de  vous  la vraiment  beaucoup ce que vous apportez aux populations du Nord,  en dehors de l’insécurité, de l’exil et des trafics en tous genres.

L’Etranger, le bouc émissaire et la théorie du complot

Mais  revenons  à  nos  moutons.  Une  société  ou  une  communauté  en  crise  va  sacrifier  une  victime,  le  bouc émissaire,  qui  concentrera  sur  sa seule personne  toute  l’agressivité  qui existe entre les membres du groupe, transformant  le  «tous  contre  tous»  en  un  «tous  contre  un»,  permettant  ainsi  au  groupe  de  retrouver  sa cohésion. Un parti politique qui se sent lésé, pour ne pas dire plus, par  la nomination d’un Premier Ministre qui n’est pas issu de ses rangs, qui de plus, ose afficher sa différence, voire son indifférence  et qui finira par quitter le  groupe,  désavouant  ainsi  la  ligne  du  chef ?  Un  Président  éclaboussé  par  un  scandale  révélé  par  des journalistes  qui  font  leur  travail ?  Crions  au  complot  venu  de  l’étranger  et  s’il  le  faut,  assimilons  le  membre « déviant » du groupe à l’étranger pour en faire un traître.  En nous liguant contre l’« Etranger », on oublie nos querelles intestines, nos  rancœurs et nos haines, on détourne l’attention du vrai problème et on ressoude le groupe contre  un  danger créé de toutes pièces qui viendrait de l’extérieur! C’est vieux comme le monde mais ça marche !

Dans le contexte actuel, quel camouflet cette démission, mais aussi quelle aubaine pour détourner l’attention des vraies questions !  Que des journalistes sortent des informations à un moment plutôt qu’à un autre n’est pas le sujet. La question qui se pose doit concerner la véracité des informations.  Transformer une affaire privée en  affaire d’Etat, appeler à  l’union nationale  pour défendre un  simple  citoyen d’alors aujourd’hui élu par ses pairs, dénoncer un complot venu de l’étranger, est un peu trop « convenu ». Si le citoyen incriminé n’a rien à se reprocher, il ne saurait être  vulnérable  au chantage. Ce qui nous ennuie, c’est que pour étouffer  une  affaire personnelle et privée, il ne soit obligé d’accepter des compromissions qui engageraient notre pays dans une voie désastreuse…

Nous  n’avons  pas  d’électricité,  mais  heureusement,  nous  disposons  d’un  projecteur  à  manivelle  qui  nous permet  de  revoir  nos  grands  classiques  sur  écran  grandeur  nature!  Avec  le  film  « L’Arnaque »  (1974),  nous assistons  au  hold-up de nos votes. On nous a  vendu le changement  et on  finit par se demander « Y a-t-il un pilote dans l’avion »  (1980).  Si  vous jouez à l’homme de l’air dans votre nouveau joujou de quelques milliards, c’est à NOUS que vous le devez : parce que NOUS vous avons élu et parce qu’il s’agit de NOTRE argent que vous dépensez  pour  votre  petit  confort  et  celui  de  votre  Klan.  Il  y  a  tromperie  sur  la  marchandise: nous  avions « Règlements  de comptes  à OK Kidal »  à l’affiche et on nous propose un mauvais remake  du «Parrain»  (1971) : remboursez, remboursez!!!! Si rien ne change, bientôt sur vos écrans : « Le chemin de la liberté » (1990).

Soif de pouvoir ? Non, faim de travail !

D’eux à vous,  la classe politique  a  échoué à construire ce pays. Il est temps de donner aux citoyens les moyens de lutter eux-mêmes contre ce système maffieux  qui ne profite qu’à vous, à votre famille et plus généralement aux incompétents et médiocres de ce pays qui vous sont associés.

Monsieur le nouveau Premier Ministre, nous  en  avons  assez  de  subir  la  violence  de  fonctionnaires incompétents et  corrompus,  qui ne doivent  leur place, pour la plupart,  qu’à  un clientélisme misérable. Vous êtes aujourd’hui là où vous êtes parce que votre prédécesseur a voulu rendre plus transparent le processus de recrutement des cadres maliens.  Vous savez ce que le travail permet d’accomplir, vous savez l’importance des compétences  humaines  dans  toute  organisation.  Vous  savez  que  la  compétence  compose  mieux  avec l’intégrité.  Nous avons compris que le changement ne viendra jamais d’en haut et que nous devons le prendre en  mains  nous-mêmes. En  tant  que  citoyens,  nous  devons  avoir  les  moyens  de  dire  NON   à  la  maffia administrative sans recourir à la violence.

Un  policier nous arrête et nous retire la  carte grise  de notre véhicule sans autre forme de procès ? Quelle  loi l’autorise à nous mettre en infraction ?  Où est-il écrit que nous devons assurer son «  nan songo » et celui de ses supérieurs ? Double paie pour lui et double peine pour nous ? Oui bien sûr, car les grands voleurs nationaux ont droit à des courbettes et c’est le petit peuple qui paie la note. Quelles sont les procédures qui définissent et régissent la fonction de policier ? Le sait-il lui-même ?

Les Maliens honnêtes, compétents et intelligents ont aussi le droit de vivre  au Mali… C’est un scandale de les obliger  à  aller  construire  des  pays  qui  n’ont  pas  besoin  d’eux,  qui  se  sont  construits  sur  l’exploitation  des richesses  de  leur  pays,  mais  aussi  grâce  au  travail  et  au  sacrifice  de  leur  propre  peuple.  Des  pays  où  ils  ne seront  jamais  que  des  « étrangers »,  une  variable  d’ajustement,  nonobstant  leur  temps  de  présence. Demandez  donc à  Christine Taubira  et  à  Cécile Kyenge. Que fait le Ministère des Maliens de l’Etranger  pour attirer les Maliens  qui vivent à l’étranger, ou simplement recevoir ceux qui veulent rentrer ? Ils sont nombreux à vouloir venir s’installer de leur propre gré et apporter leur expérience au pays, et pas seulement pour faire de la  politique  politicienne.  La  vraie  politique  se  fait  dans  la  façon  de  vivre  sa  vie,  jour  après  jour.  Maliens,  ne perdez plus votre vie à fuir votre pays. Ce pays est à vous et c’est à vous de le construire. En l’abandonnant aux médiocres  et  aux  vautours  étrangers,  vous  êtes  aussi  responsables  de  sa  destruction.  Vos  contributions diverses  et variées rédigées à des milliers de kilomètres  n’y changeront rien, c’est votre présence  sur le terrain qui  impulsera le changement.  Comment  comprendre  que  vous  preniez  le  risque  de  mourir  pour  un  exil  qui ressemble souvent à l’enfer et  que vous refusiez de vous battre pour vivre décemment chez vous ?  Comment comprendre  que  votre  rêve  soit  d’intégrer  des  institutions  internationales  ou  caritatives  dont  l’objectif  n’est certainement pas de développer votre pays ?

Messieurs les politiciens, nous n’avons que faire de vos petites querelles mesquines de pouvoir, de l’ambition opportuniste des membres de vos familles, de  vos égos malades, de vos ennuis judiciaires. Réglez vos comptes, soignez-vous, envoyez-vous en l’air  avec nos  milliards pour vous donner l’illusion d’être meilleurs  que le plus minable d’entre nous. Mais n’oubliez  pas qui vous a  fait Président : vous n’êtes ni le  roi Soleil ni Bokassa, ni Dieu, ni Maître. Il est temps de faire  ce pour quoi vous avez été élu, non par Dieu mais par le peuple : occupez-vous de Kidal et assurez-vous que TOUS les Maliens aient droit au bonheur.

En résumé : travaillez et donnez-nous les moyens de travailler.

1- Papa Hollande au Mali. Chronique d’un fiasco annoncé – Nicolas BEAU, Balland, 2013.

2- Directeur du programme régional au centre politique de sécurité de Genève, il a participé à l’ouvrage collectif « La guerre au Mali », sous la direction de Michel Galy, Paris, La Découverte, 2013.

3- In « Papa Hollande au Mali », page 41

4- http://www.bakchich.info/france/2014/02/03/benoit-puga-sous-le-casque-blanc-de-hollande-63074

5- In « Papa Hollande au Mali », page 90

6- http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/070314/les-bonnets-rouges-une-double-manipulation

7- Françoise Morvan s’est consacrée, depuis la parution de son essai  « Le monde comme si, nationalisme et dérive identitaire en Bretagne » (Actes Sud, 2002, réédition Babel, 2005), à étudier les réseaux ethnistes et leur montée en puissance sous couvert de régionalisation.

8- http://www.leparisien.fr/nantes-44000/manifestation-a-nantes-pour-la-reunification-de-la-bretagne-19-04-2014-3780833.php

Aida Hadja Diagne

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