« Si je suis IBK, j’organiserais une franche rupture indispensable au renouveau.
Quels qu’ils soient, les chemins de l’avenir ne s’ouvriront pas sans que le Mali ne se soigne d’un cancer qui empoisonne toutes les initiatives publiques ou privées : le système généralisé des arrangements privés. Pour ne pas dire corruption. « Tu es avec nous ou tu es contre nous » est le principe de fonctionnement du système généralisé des arrangements privés. La forme d’organisation est devenue tellement systémique que personne n’ose fonctionner selon les règles établies, écrites, signées et souvent votées par notre Assemblée Nationale. Le mal est immense, historique, il touche l’ensemble de notre corps social. Il est si profond, si répandu, si accepté ; il touche tellement de gens, du ministre au simple fonctionnaire, du simple fonctionnaire à sa lointaine cousine du village, que le remède doit être d’une nature complètement nouvelle et inédite. Voici ce que je ferais si je suis IBK.
J’effacerais l’ardoise. Nous souffrons de nous voir dans cette situation, si contraire à ce que nous croyons au fond de nous-mêmes. Si nous voulons nous arracher à ce que nous avons de bas, il nous faut donner une chance à ce que nous avons de grand. Même si le Coran préconise de couper la main des voleurs, nous ne pouvons pas sérieusement envisager de devenir un pays de manchots. Que faire ? Nous n’avons pas le temps d’attendre. Pour sauver le pays du système généralisé des petits arrangements privés et bénéficier proprement des bienfaits de la modernité, il nous faut une nouvelle dynamique, un événement politique majeur pour en sortir. Nul ne souhaite qu’il soit réglé par la violence. Toutes les nations qui veulent vraiment se sortir d’un désastre doivent choisir des solutions inédites. Il faut repartir à zéro. Cela ne peut concrètement se faire sans un coup d’éponge sur le passé. Je proposerais une amnistie générale des délits financiers et violences politiques du passé. C’est très injuste. Mais le mal est tellement profond qu’on ne peut l’éviter. Si pour passer à une étape nouvelle et retrouver la grandeur qu’il porte en lui, le Mali doit remettre les comptes à zéro, je le ferais. Toutes proportions gardées, c’est par un tel coup d’éponge et malgré l’immensité des dommages que l’Afrique du Sud a pu se sortir sans nouvelle guerre inutile de l’apartheid, que la France et l’Allemagne sont aujourd’hui amies, que le Rwanda a transcendé les affres du génocide. C’est de cette façon que nous aussi, nous pourrons repartir sur de nouvelles bases, nous faire à nouveau confiance.
J’organiserais une conférence du pardon national suivi d’un référendum.
Je réunirais les maliens en une conférence nationale du pardon pour mettre en œuvre ce coup d’éponge du passé, montrer clairement nos errements et exorciser les démons des arrangements privés. Ce serait l’occasion de réviser notre texte fondamental afin de le mettre en phase avec une administration, des collectivités territoriales au service de notre prospérité. Un référendum sera convoqué pour permettre au peuple d’adopter ou pas cette rupture. Les institutions et les décisions sorties de cette conférence nationale de pardon auront la force et les moyens d’une vraie sévérité contre ceux qui, à l’avenir, reviendraient aux anciennes pratiques, la force et les moyens d’une vraie sollicitude pour tous ceux qui n’ont qu’une hâte, se consacrer au bien commun et en même temps améliorer honnêtement leur existence ».
Par Alioune Ifra N’Diaye
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